L'apparition du croissant lunaire, objet de controverse astrale, est venue encore une fois ouvrir le débat sur la nuit du doute. La fin du mois de Chaâbane consacrant le début du jeûne établi par un ordre calendaire musulman s'en trouve soumise à la rigueur de la « Ro'iya » (l'observance du croissant lunaire). A telle enseigne que la spiritualité religieuse reste donc bien préservée de tout commentaire. Ce soir, comme à l'accoutumée, devant nos écrans de télévision, la commission nationale d'observation sur la nuit du doute tranchera sur la base d'une vision à l'œil nue du croissant lunaire. Un procédé millénaire battant en brèche tous les écarts de calculs sur la date de la formation du croissant lunaire. On en est toutefois à quelques poussières de l'évènement. Les scientifiques battent le pavé pour établir un calendrier préconçu pour le début du mois de jeûne. Les oulémas, anges gardiens de la tradition orale, se battent bec et ongles pour perpétuer le message coranique « jeûner à l'apparition du croissant lunaire ». C'est dans ce choc académique que s'affrontent les thèses contradictoires sur le calendrier des fêtes religieuses. Il en sera que plus beau de s'en garder aux traditions pour privilégier cet esprit de religiosité sur la chose matérielle. A l'instar de tous les pays musulmans, l'Algérie s'apprête à l'observance de ce mois d'abstinence. Chaque année, la question qui revient est pourquoi ne pas s'appuyer sur des données scientifiques pour fixer avec exactitude le premier jour de ce mois. Interrogé sur ce point, le directeur de l'orientation religieuse et inspecteur général au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a affirmé que le ministère de tutelle se base sur des données scientifiques. « Toutefois, nous ne nous contentons pas de ces données pour déclarer le commencement du mois du jeûne parce que la référence qui nous guide pour décider du début du mois de Ramadhan, c'est la tradition du Prophète (QSSSL), a-t-il expliqué. « Celle-ci nous invite à observer de visu la naissance du croissant lunaire. Les scientifiques considèrent cette observation comme étant un témoignage. Et ce dernier est accepté lorsqu'il concorde avec les données scientifiques et c'est justement ce que fait l'Algérie en récoltant ce témoignage à travers les comités d'observation au niveau des wilayas du pays », a-t-il ajouté. Ces témoignages sont par la suite envoyés au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs qui les conjugue avec les données scientifiques qui émanent du Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (Craag) ainsi qu'avec les témoignages du monde musulman via nos ambassadeurs et nos consuls à l'étranger ». Selon M. Mohamed Aïssa, qui intervenait dernièrement sur les ondes de la radio nationale, cet amas d'informations est analysé par la commission nationale d'observation du croissant lunaire qui décide ultérieurement du début du mois de Ramadhan. A une question de savoir avec précision lequel des deux jours serait le premier jour du mois sacré, le représentant du ministère des Affaires religieuses a dit que « sauf avis du comité d'observation de la naissance du croissant lunaire, je dirai que toutes les données scientifiques nous guident vers vendredi. Or, je dois dire que l'analyse relève exclusivement de l'autorité de cette commission qui est autonome dans sa décision et autonome des pouvoirs politique et administratif », a-t-il dit. En d'autres termes, il faudrait attendre la nuit du doute pour le savoir. A une question sur les rumeurs selon lesquelles la décision du début du mois sacré relève d'une décision politique, il répondra : « Le début du mois de jeûne n'est pas une décision politique, ni administrative mais une décision scientifique qui se base sur l'analyse des données scientifiques proprement dites et l'observation et les témoignages des populations algériennes ». La nuit du doute nous revient sous le signe d'une meilleure année annonçant tout le bien pour la Oumma. Elle en est à son quinzième siècle de cycle, tel un métronome rappelant à l'humanité la loi divine, et la rectitude du comportement exemplaire envers son prochain. A quelques encablures de ce solennel rendez-vous, on vous dit Ramadhan moubarek.