Loin de voir les autorités locales prendre en charge la sauvegarde du monument dit «Tagarit» (la guérite), construite par les autorités coloniales juste au début de déclenchement de la Guerre de libération nationale, les habitants du village Azra, à 10 kilomètres au nord de la ville de Tigzirt, ont mobilisé leurs propres moyens pour restaurer ce lieu qui est encore l'un des rares monuments et vestiges qui témoignent de passage de l'armée française dans ce grand village de plus de 1000 habitants. Pour les habitants de ce village, il n'est pas question de laisser ce vestige disparaître. Et pour cause : des témoignages encore vivants indiquent qu'il fait partie des endroits d'où ont été tirées les premières cartouches du déclenchement de la Guerre de libération le 1er novembre 1954. Le lieu où cette guérite a été érigée par l'armée française n'est guère fortuit. Le village de Azra est situé sur une colline surplombant toute la région de Tigzirt, ce qui lui donne un aspect stratégique en matière de surveillance de tout mouvement suspect jusqu'aux villages environnants. C'est dans cet esprit que cette guérite y a été érigée. Reposant sur un socle de 20 mètres carrés et de 7 mètres de hauteur, elle est construite en pierres, sous forme d'une petite tour. C'est la guérite qui a donné son nom à ce lieu. Selon certaines personnes âgées de la région, les pierres avec lesquelles elle a été construite ont été apportées par un groupe de femmes du village de très loin. C'était une manière utilisée comme châtiment par l'armée française pour punir ces femmes accusées par l'armée coloniale de soutenir les combattants en leur offrant de la nourriture.La guérite constitue ainsi une partie de la mémoire collective de ces villageois qui, ne voyant rien venir du côté de l'APC, ont décidé de classer eux-mêmes ce site comme un lieu historique avant de lancer les travaux de réhabilitation avec leurs propres moyens. La toiture, en tuiles traditionnelles a été complètement refaite et une nouvelle porte y a été installée ainsi que la clôture. Signalons enfin que certains villageois n'excluent pas la possibilité de transformer, à l'avenir, ce lieu en une sorte de petit musée du village. Le jour où elle a été de nouveau inaugurée, une importante «waâda» y a été organisée.