Les travaux de restauration du site antique de la ville côtière de Tigzirt seront achevés à la fin du mois en cours. Ce site antique classé lieu historique est protégé par l'Unesco; la restauration des vestiges témoignant d'une présence romaine de plus de sept siècles a été confiée à l'Ecoteh d'El Harrach. Commencés en début janvier, les travaux devaient être réalisés dans un délai de cinq mois. C'est donc, dans quelques jours, que les autorités concernées vont réceptionner ce projet qui va rendre à César ce qui appartient à César. Pour rappel, les autorités locales de la ville de Lomnium de l'époque romaine ont eu toutes les peines du monde à préserver ce patrimoine historique. Les multiples tentatives de le rentabiliser pour le secteur du tourisme ont toujours eu comme obstacle l'absence de prise en charge par des spécialistes. L'arrivée à Tigzirt, il y a quelques années, de spécialistes en la matière a fini, après de marathoniennes démarches, par inscrire le site parmi le patrimoine universel protégé par l'Unesco. Tigzirt, à l'instar de tous les comptoirs littoraux de notre pays, a connu une histoire des plus riches. Les études effectuées, d'abord par des archéologues de l'époque coloniale, ont mis en évidence le caractère universel de la richesse historique contenue sur le littoral et, parfois, plus loin dans le large. Les recherches ont donc mis au jour des pièces de monnaie témoignant du paysage des Phéniciens. Ils ont laissé deux comptoirs dans la région que les archéologues ont réussi à localiser, distants de quelques kilomètres. Les pièces témoignant de la présence constante des civilisations indo-européennes ne concernent pas uniquement les Phéniciens mais, également le passage des Vandales. En effet, certaines constructions qui ne cadraient pas avec l'architecture de l'époque romaine surplombaient les vestiges laissés par les soldats de César. C'est à ce moment que les archéologues ont conclu à la présence de vestiges de la présence vandale. Depuis l'Indépendance, comme le mentionnent les archéologues de l'Institut national, les recherches ont été interrompues jusqu'à ces dernières années. Toutefois, la reprise des recherches ne signifiait point la reprise en charge des autorités locales. Pendant des années, ce site est resté à l'abandon jusqu'à l'approche de la saison estivale. Les opérations de désherbage ont commencé alors tambour battant. Mais cette occasion passée, vers la mi-septembre, le lieu retrouvait son triste visage. Petit à petit, le puzzle, composé de pierres, devenait plus compliqué. Les vestiges qui étaient déjà en ruine s'effondraient les uns après les autres. La présence coloniale, de son côté, bien qu'ayant contribué à des recherches par des archéologues, a participé à l'entreprise de destruction. En effet, les Français ont construit la ville récente de Tigzirt sur plus de 80% du site romain. Au beau milieu du casernement, l'armée coloniale a procédé à un terrassemet pour en faire un aéroport militaire. Actuellement habitées, les bâtisses représentent une immense richesse historique. Il ne reste à présent d'une infime partie de la ville historique de Lomnium érigée en ville civile par le gouverneur romain d'origine berbère, Septime Sévère. Après avoir été un territoire de conquête pour les soldats de Rome qui n'avaient construit qu'un casernement, vint le règne de ce gouverneur. Il transforma ce lieu en une ville civile où florissaient le commerce, la vie culturelle et religieuse. A présent, les travaux de restauration qui prennent fin vont permettre de remettre au jour cette cité antique, témoin d'une civilisation qui a laissé des empreintes indélébiles sur le présent de l'Afrique du Nord. Les bénéfices ne seront pas exclusivement et purement scientifiques. Cette restauration aidera certainement les responsables locaux qui comptent inscrire irréversiblement cette ville dans sa vocation touristique. A rappeler, également, que cette initiative ne concerne pas uniquement ce site antique de Tigzirt mais aussi plusieurs lieux historiques de différentes époques. L'ancienne demeure des Aït Kaci, la demeure de Lalla Fatma N'soumeur et le mausolée de la zaouïa de Sidi Ali Moussa.