On savait que M. Mohamed Raouraoua, le providentiel président de la Fédération algérienne de football avait une très haute idée de sa personne, mais on ignorait qu'il pouvait aller si loin dans l'adoration de soi. En tout cas pas au point de s'identifier à la... patrie dont il serait désormais l'incarnation. Depuis qu'il a dit que la sélection algérienne de 1982 était un accident de l'histoire, on avait compris que pour lui, rien ni personne n'avait grâce à ses yeux dans le monde du foot algérien, en dehors de ses fabuleuses réalisations. Mais on était loin de penser qu'il allait un jour jusqu'à sommer quelqu'un de respecter la patrie, parce que la patrie, on l'aura compris, c'est bien évidemment lui. En réponse à Rabah Madjer qui aurait déclaré que M. Raouraoua l'avait freiné par des procédés pas très réguliers et courtois dans son ambition – tout à fait légitime – de lui succéder à la présidence de la FAF, voilà ses propos, tenus en pleine conférence de presse : «Je ne voulais pas aller si loin, mais aujourd'hui, je vais le dire : c'est grâce à moi que Madjer est à la FIFA ; par décence, il aurait dû être reconnaissant et remercier la patrie qui lui a donné cet honneur, car sans moi, il ne serait jamais là où il est aujourd'hui» ! On ne sait pas s'il a vraiment aidé Madjer pour parvenir à son poste au sein de l'instance mondiale, mais si tel est le cas, ça devrait être la moindre des choses pour le premier responsable du football algérien de faire quelque chose pour placer un prétendant de son pays qui a, qui plus est, toute la notoriété et le parcours de son ambition. Ce n'est donc pas un service personnel que M. Raouraoua a rendu à Madjer qui le placerait dans l'obligation d'un renvoi d'ascenseur. Et en termes de renvoi d'ascenseur, il ne s'agit pas vraiment d'être «reconnaissant envers la patrie» puisqu'en l'occurrence, M. Raouraoua suggère que Rabah Madjer manquerait tout bonnement de courtoisie en voulant prendre «sa» place. Car dans la tête du président de la Fédération de football, les choses semblent tout à fait claires : il aura son troisième mandat. Et dans son inégalable générosité, il avertit qu'il «n'est pas éternel». Il demande même aux «compétences» de se préparer à prendre le relais... une fois que l'âge ne lui permettra plus de rester à son poste ! Et dernier mandat pour dernier mandat, autant y parvenir sans candidat concurrent sérieux. Une fois soulagé de Rabah Madjer, qui doit tout de même «connaître la musique», M. Raouraoua a toute la latitude de se «désoler» qu'il n'y ait pas de... candidat et songer à en susciter. A sa conférence de presse, les journalistes, tellement ébahis par la qualité du centre de préparation de Sidi Moussa que le président de la fédération leur a caché jusqu'au «moment opportun», ont «oublié» de lui poser la question. Sur ce «joyau» pourtant opérationnel depuis longtemps mais «bunkérisé» à dessein et d'autres sujets encore. Comme le stade du 5-Juillet par exemple. Ou rebondir sur ce que M. Raouraoua a présenté comme sa réalisation emblématique : l'autofinancement de la FAF. Personne ne lui a demandé comment on «autofinance» la FAF et l'équipe nationale et «donner» Sonatrach à quatre clubs, des SPA de droit privé ! Mais hier à Sidi Moussa, l'ambiance était à la fête et à la découverte, on ne pouvait pas déranger... la patrie pour si peu. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.