Durant les quatre premiers mois de l'année 2015, les services de la sûreté nationale ont recensé pas moins de 1726 cas d'enfants victimes de violence, dont 517 à caractère sexuel, a annoncé hier la responsable du bureau de protection de l'enfance à la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), la commissaire divisionnaire Kheira Messaoudène. Pour marquer la Journée internationale de l'enfance, l'invitée de la rédaction de la Chaîne III de la Radio algérienne, a passé en revue la situation sur les violences faites aux enfants. Elle a révélé que quelque 6000 actes de violence commis à l'encontre de la population juvénile ont été enregistrés par ses services depuis le début de l'année 2015. Commentant ces faits dramatiques, Messaoudène a admis qu'«il reste beaucoup à faire» pour endiguer ce phénomène. Pour tenter de lutter contre ces formes de déviation, cette dernière fait état de la création à travers le pays d'une cinquantaine de brigades de protection de l'enfance, parmi lesquelles trois ont été mobilisées au niveau de la seule capitale. Elle a signalé, notamment, que 195 cas de disparition d'enfants ont été signalés durant l'année 2014, et que 195 enfants ont été victimes de tentatives ou d'agressions sexuelles à ce jour. Du déclenchement immédiat de l'«Alerte kidnapping» au moment où une disparition d'enfant est constatée, Messaoudène indique que c'est au procureur de la République qu'il appartient d'actionner cette procédure encore quelque peu «défaillante». Pour les agressions sexuelles exercées contre des membres de la population juvénile, la représentante de la DGSN reconnaît la difficulté à détecter des cas se produisant en milieu familial, si ce n'est par suite de fugue d'un enfant ou bien son hospitalisation. Messaoudène a regretté l'absence d'une «culture de la dénonciation» qu'elle impute à la «passivité des citoyens». Elle considère qu'il faut apprendre à l'enfant à se défendre et comment procéder pour contacter les services de police. Concernant la mendicité des enfants, la commissaire divisionnaire a rappelé que la DGSN a mené des campagnes pour tenter d'éradiquer ce phénomène, mais que faute de centres d'accueil, «on continue à tourner en rond». Celle-ci fait état de la création d'unités spéciales destinées à surveiller les infractions, parfois «très graves» observées sur les réseaux sociaux, donnant à voir des scènes de violence contre des enfants. Selon elle, la majeure partie des situations de déviance énoncées, dont elle explique certaines des raisons par la violence vécue durant la décennie noire, le sont des suites de la démission, voire de la désagrégation de la cellule familiale et des valeurs morales pour de larges franges de la société.