«59,83% des individus impliqués dans des affaires de trafic de drogue en Algérie sont âgés de moins de 35 ans», c'est la déclaration faite hier par Aissa Kacimi, directeur de la coopération internationale de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT) faite hier à l'ouverture des deux journées d'étude organisées en collaboration avec le réseau MedNET de coopération dans le domaine de la prévention et de lutte contre la drogue. «25 000 toxicomanes sont entrés dans des centres de désintoxication lors des dix dernières années, dont 84% ont un niveau d'instruction faible et 53% sont issus de familles instables». M. Kasmi estime que la situation actuelle en matière de drogue constitue un véritable danger et connaît une évolution rapide : «Notre pays est ciblé par les réseaux de trafic de drogue pour diverses raisons. Pays de transit, l'Algérie est devenue pays consommateur de cannabis et de psychotropes particulièrement.» Le danger semble plus menaçant lorsqu'on sait que le Maroc, pays voisin, est le plus grand producteur de cannabis dans le monde (60%), dont une grande part passe par notre territoire en direction de l'Europe et du Moyen-Orient, via la Tunisie et la Libye. Pour M. Kacimi, la plupart des malades du sida enregistrés en Algérie, soit 5 millions, le sont après la consommation de drogue ; un trafic qui rapporte 800 milliards de dollars dans le monde. M. Sayeh, directeur de l'ONLCDT a, pour sa part, indiqué que la commercialisation de la drogue était l'apanage des étrangers, qui arrivaient à faire entrer des quantités importantes de cannabis, à travers les frontières terrestres. Actuellement, des réseaux mafieux algériens se livrent à ce commerce illicite, mais fructueux après avoir touché à la contrebande de carburants et au trafic d'armes. L'orateur a également insisté sur la pression exercée par un réseau marocain : «Quand on est voisin avec un pays connu pour être producteur et fournisseur à hauteur de 60% de cannabis à l'échelle mondiale, le risque est toujours grand». Le constat et le bilan établi par le directeur général de l'office national sont alarmants. Il a, en effet, estimé que le trafic de drogue via l'Algérie constitue un véritable danger qui a mené à l'augmentation de la consommation au niveau local, tout en mettant l'accent sur «les efforts considérables déployés par l'Algérie en matière de lutte contre le trafic de drogue, à travers la mobilisation des moyens de prévention, des structures médicales de désintoxication et un arsenal juridique pour la répression de ce phénomène». Pour ce responsable, «la mafia marocaine exporte sa drogue vers l'Europe en transitant par l'Algérie. Et comme le contrôle algérien est rigoureux, la plupart des quantités restent bloquées en Algérie. Ce réseau se trouve, ainsi, souvent dans l'obligation d'écouler sa marchandise dans notre pays». Selon M. Sayeh, son office détient des informations sur trois tonnes de cannabis et de psychotropes que la mafia marocaine n'arrive pas à faire passer vers l'Europe et qui restent bloqués en Algérie. «S'ils ne peuvent plus faire sortir leur marchandise, cela sera une catastrophe pour le pays. Les psychotropes ne sont pas chers et à la portée de tous. C'est un véritable problème de santé publique. Les narcotrafiquants pourraient également se rabattre sur le marché algérien pour la vente du cannabis ou encore la cocaïne, produit léger et facilement transportable et dissimulable, contrairement au cannabis.» L'orateur a conclu que «certains réseaux mafieux étrangers veulent faire de l'Algérie un cimetière de la drogue».