Les Milianis assistent impuissants à la dégradation du jardin public de la ville, autrefois un lieu de repos pour les vieux et un espace de défoulement et de divertissement pour les enfants. En effet, ce jardin édifié durant l'ère coloniale en même temps que le Jardin d'Essais d'El Hamma abritait des plantes ramenées des ex-colonies françaises en l'occurrence la Guadeloupe, La Nouvelle Calédonie et l'Indochine. Ainsi outre de grands arbres de différentes espèces, on y trouvait le bambou vietnamien que les mordus de la pêche utilisaient comme canne à pêche. Le grand pin sylvestre s'élevait majestueusement vers le ciel, alors que les tulipes, les œillets, les violettes et les chrysanthèmes ornaient les baquets soigneusement entretenus par les jardiniers de la commune. La placette centrale de cet espace vert de plus de deux hectares servait de cinéma en plein air où les citoyens venaient passer leurs soirées estivales. En été toujours, plusieurs familles, évitant les aléas des salles des fêtes, préféraient organiser leurs soirées dans ce jardin où la température est plus douce la nuit. Enfin, ce coin paradisiaque délaissé par la tutelle est devenu un lieu de débauche par excellence. Le jardin n'est fréquenté que par des énergumènes qui s'adonnent à la consommation de la drogue, des boissons alcoolisées et à la prostitution. Des citoyens avouent ne plus oser s'aventure dans le jardin «de peur d'être agressés par les voyous», nous dit un citoyen. D'autres habitants de Miliana se disent très éprouvés par l'indifférence de l'APC qui, par son inaction, est complice du désastre. Notons que le jardin public est ouvert quotidiennement, mais seuls quelques retraités s'y rendent pour occuper les bancs situés juste à l'entrée. «On ne peut aller plus loin, c'est plein de voleurs qui n'hésitent pas agresser un vieillard pour cent dinars», nous avertit Hadj Toufik. Unanimes, les anciens qui gardent de grands souvenirs de jeunesse de cet espace oxygénant souhaitent revoir «El Djenina» redevenir comme elle l'était autrefois.