Les autorités de la wilaya de Béjaïa ont annoncé la restauration prochaine des sites historiques d'El Kelâa des Ath Abbas (125 km au sud de Béjaïa) à l'occasion de la commémoration du 138e anniversaire de la mort de Hadj Mohamed El Mokrani. Autre fait nouveau, la prise en charge totale et ce, pour la première fois depuis 1969, de cette manifestation par les autorités de la wilaya de Béjaïa. Rehaussée par la présence du wali de Béjaïa, Ali Bedrici, de Ali Haroun, membre de l'ex-HCE, des députés et des sénateurs originaires d'El Kelaâ, cette commémoration a imprégné une lueur d'espoir, quant à l'avenir de ce lieu historique, perché à 1200m d'altitude et qui fut un centre de rayonnement durant des siècles. Mais, les habitants de ce village isolé, n'entretiennent pas l'illusion. «Ils viennent, ils commémorent et puis s'en vont», tel le est la conviction que serinent, à chaque 5 mai, les Kelaâouis, qui mènent un quotidien difficile. La population est estimée entre 400 et 450 âmes, alors qu'avant la guerre de libération, elle était de plus de 7000 habitants. L'armée coloniale avait bombardé à plusieurs reprises ce village. Il reste d'ailleurs beaucoup de maisons, vestiges des bombardements sauvages d'un colonialisme aveugle. Les projecteurs éteints, le soir venu, le village retrouve sa solitude, sa routine et ses…problèmes : pénurie d'eau potable, manque de transport, absence d'une unité de soins, route délabrée et dangereuse et inexistence de lieux de loisirs. Des sites de grande valeur historique Selon M. Saïd Bachir, président de l'association socioculturelle, club El Mokrani d'El Kelâa, organisatrice des différentes commémorations, les autorités de la wilaya de Béjaïa et la direction de la culture, ont pris en charge le volet de la restauration des sites historiques d'El Kelâa. Les fiches techniques étant finalisées, il ne reste que la mise en œuvre. M. Bachir, nous a communiqué la liste des sites concernés par la restauration. Il s'agit de la mosquée Sidi Ahmed Oussanoun, construite en 1510, du mess d'El Mokrani, fondé par son frère Boumezrag, de la poudrière et de la medersa, dont la première pierre fut posée par Cheikh Abdelhamid Benbadis en 1933. En outre, il est prévu l'érection d'une stèle d'El Hadj Mohamed El Mokrani et la construction d'une auberge à côté de la Medersa. Classés mais sans protection pour la plupart Il faut rappeler à ce propos que les sites historiques dans la wilaya de Béjaïa, sont, pour les plus importants, classés mais non protégés pour la plupart, à l'exemple de ceux d'El Kelâa. Prié de donner son avis à ce sujet, M. Djamil Aïssani, historien, président de l'association Histoire des sciences (Gehimab, Béjaïa), dira ceci : «Dans la wilaya de Béjaïa, il y a beaucoup de sites historiques. Pour les restaurer, il faudra la contribution des spécialistes dans le domaine afin d'éviter de les défigurer. Il faudra aussi, beaucoup de moyens humains et financiers, il faut aussi clôturer et délimiter ces zones». M. Aïssani évoque aussi les difficultés qui ne manquent pas de surgir lorsque le site ou le monument est situé sur des propriétés privées. «On est obligé de faire des enquêtes, de délimiter chaque endroit appartenant à un particulier pour pouvoir classer ou travailler sur ces endroits». Selon notre interlocuteur, le classement des sites a deux aspects : «Le premier, c'est la protection ; le second a trait au domaine privé. Là, il faut limiter l'intervention des propriétaires et chercher à trouver une solution intelligente aux problèmes qui se posent», conclut M. Aissani.