Le choix est difficile pour les populations des régions montagneuses comprises entre BéjaÏa, Bouira et Bordj Bou Arreridj : rester et subir les affres de l'isolement ou partir vers l'inconnu en abandonnant ses biens et ses terres. Beaucoup de familles ont choisi l'aventure et l'incertitude aux conditions de vie pénibles. Du coup, les villages se vident et les écoles ferment. Dans les villages de Tazla, Ilougane et Tabouanant, les écoles primaires sont fermées par manque d'élèves. A Mouka, Tiniri, Zina, et El Kelaâ, les écoles pourraient emboîter le pas à celles qui sont déjà fermées, car l'effectif ne dépasse par 19 apprenants dans chacune de ces écoles. Les causes ? Pour Terrani Seddik, enseignant et directeur de l'école d'El Kelâa, il n'y a qu'un seul motif : l'exode. «L'isolement des villages et l'éloignement des établissements scolaires ont contraint beaucoup de familles à l'exode. Les gens donnent beaucoup d'importance aux études de leur progéniture», explique M. Terrani. Les familles qui sont restées n'ont pas les moyens de s'établir ailleurs. Le transport scolaire au frais des habitants Les collégiens du village d'El Kelâa, au nombre de 25, selon M. Terrani, ne vont pas au collège d'Ighil Ali, mais fréquentent celui de Tizi Lekhmis, dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj. La distance a beaucoup «pesé sur la balance». Ighil Ali est à 25 km d'El Kelâa, alors que Tizi Lekhmis est à seulement 14 km. «Devant le problème de transport de ces potaches, les villageois, à travers l'association des parents d'élèves, ont cotisé, il y a de cela 8 ans, pour acheter un fourgon à 800 000 DA afin de transporter les collégiens vers le C.E.M de Tizi Lekhmis.», dit Hocine Ahmed, secrétaire général de l'association des parents d'élèves d'El Kelâa. Cependant, il déplore les charges lourdes qu'induit le transport de ces élèves. «Nous versons chaque mois, 12 000 DA au chauffeur, cela sans oublier l'essence et les réparations du fourgon. Nous demandons aux autorités locales de nous aider, au moins en prenant en charge le salaire du chauffeur», indique M. Ahmed. La bibliothèque et les micros aussi Dans la foulée, il nous révèle que les habitants du village, ont tous mis la main à la poche, pour ouvrir, à l'école, une bibliothèque, une salle d'informatique, acheter des fournitures scolaires et des habits pour des élèves nécessiteux. Par ailleurs, nos deux interlocuteurs nous révèlent qu'il existe une école de 3 classes avec 2 logements de fonction et un stade à El Bouni (25 km d'Ighil Ali) et qui se trouve fermée, à l'heure actuelle, à cause du terrorisme. Cette localité, où l'on caresse depuis plus de 20 ans d'implanter une zone d'activité, gagnerait à être revalorisée, disent nos vis-à-vis, qui suggèrent de rouvrir cette école, en construisant d'autres classes afin de regrouper tous les élèves des villages limitrophes dont les écoles risquent de fermer. «Cela va permettre de fixer la population des villages de la région, et d'avoir une école où il y aura suffisamment d'élèves de tous les paliers. A El Kelâa, il y a 2 classes ; la 1re année moyenne et la 4e année moyenne», disent-ils. Il est à souligner que les habitants des villages relevant de la commune d'Ighil Ali ont un sens aigu de la solidarité. Que de villages ont réalisé, à eux seuls, des captages de sources d'eau, des réservoirs d'eau, le ramassage scolaire, et bien d'autres réalisations, malgré les conditions de vie difficiles et austères dans ces contrées, mais qui, aussi, ont des potentiels non encore exploités, à l'exemple du tourisme de montagne. La région des Ath Abbas, au relief montagneux, couvert de pineraies, où vit une faune diverse, est d'une beauté à couper le souffle. Elle est connue pour son air pur, où, dit-on, même les asthmatiques qui s'y sont rendus ont retrouvé la joie de respirer à l'aise.