«Pourquoi voulez-vous que je donne ma voix à un élu que je ne connais pas, qui n'habite pas ma daïra...?» Les consignes des partis, pour les sénatoriales du 28 décembre 2006, seront-elles respectées par les élus de la wilaya de Bordj Bou Arréridj? La réponse d'un élu à cette question qui dérange les états-majors locaux des trois partis engagés, le FLN, le RND et le MSP, est claire, limpide et sans détours: «Jamais. Le vote sera tribal». «Pourquoi voulez-vous que je donne ma voix à un élu que je ne connais pas, qui n'habite pas ma daïra, ma commune ou mon douar et n' appartient pas à ma tribu, même si nous sommes inscrits dans la même formation politique, je préfère voter pour un élu d'un autre parti que je rencontre chaque jour. Allez dans les communes et questionnez la population si un sénateur a visité leur région et de plus, aujourd'hui, les tribus ont des universitaires compétents, c'est dire que les consignes de vote des partis ne seront pas respectées et c'est connu», voila en globalité la réflexion de notre élu qui, se déclare contre le choix imposé d'en haut par les états majors centraux des partis. A Bordj Bou Arréridj, six candidats se présenteront le 28 de ce mois devant les 343 élus des 34 communes, de l'APW et des membres de l'APN et du Sénat. Une dizaine d'élus sont suspendus en ce moment et ne prendront pas probablement part au scrutin. Le RND (87 élus) a porté son choix sur un jeune universitaire, porteur de trois licences, cadre dans la wilaya et membre de l'APW, le FLN (123 élus) a choisi un fonctionnaire de l'administration de l'annexe universitaire, qui est passé difficilement aux primaires, el Islah ((54 élus), deux candidats, tous deux universitaires, Hamas (16 élus) un universitaire et enfin un président d'APC indépendant. La bataille pour l'unique siège de la deuxième chambre nationale sera dure entre les deux formations politiques du FLN et du RND. La campagne a bien débuté dans les communes et il reste une soixantaine de voix que se partagent les autres formations politiques comme le FFS, le RCD, le FNA et les candidats indépendants. «avec les sénatoriales, aucun parti engagé, quelle que soit sa force ou le nombre de ses élus, n'est capable, à Bordj Bou Arréridj de rallier, ses propres militants, tant que les divergences autour du choix du prochain sénateur sont apparues au grand jour, il existe beaucoup de mécontents au sein des formations politiques et ce sont eux qui vont déterminer les prochaines sénatoriales, avec les élus des petits partis» nous explique un spécialiste des élections locales. «Le tribalisme a bien muté dans la région des Bibans, mais croyez-moi, un Kheloufi votera pour un Kheloufi, un Meguedemi votera pour un Meguedemi, cette règle n'a pas changé sauf que les tribus maintenant portent leurs choix sur les élus universitaires» souligne-t-il, affirmant que les alliances entre partis, tribus, et indépendants pour les prochaines élections locales se feront avec les sénatoriales. Dans ce sens, affirme-t-on que les consignes des partis ne seront pas respectées, même si des hauts dirigeants des partis en vogue sont venus et ont exigé le respect des instructions de vote.