"Malgré l'existence d'une concurrence entre les entreprises des pays du Maghreb, la complémentarité entre les pays maghrébins est à hauteur de 80 %", a relevé, hier, Boualem M'rakech, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP). Ce constat a été mis en évidence lors des travaux du premier forum des hommes d'affaires maghrébins, tenu les 10 et 11 mai à Alger. Cette rencontre s'est achevée par l'élaboration de la déclaration d'Alger qui résume les propositions des opérateurs économiques des cinq pays maghrébins participant au forum. "Les opérateurs économiques se concentreront sur la coopération économique, sur la création de sociétés mixtes qui participeront à la réalisation des projets dans les pays du Maghreb", souligne M. M'rakech. "Nous n'allons plus parler de frontières", a-t-il lancé en prônant des discussions entre les opérateurs économiques, limitées au volet économique. Des projets communs fédérateurs seront réalisés entre ces pays. L'autre objectif arrêté à l'issue du forum a trait à l'augmentation du volume des échanges, qui demeurent jusque là très faibles comparativement aux potentialités existantes entre ces pays. En créant des projets de coopération, ce sont tous les pays maghrébins qui en seront bénéficiaires. La coopération pourra concerner l'ensemble des secteurs économiques, estime le président de la CAP, laquelle est membre de l'Union des employeurs maghrébins (UME). Avec la Mauritanie, par exemple, il sera possible de lancer des projets de partenariat dans le secteur manufacturier et du bâtiment. Des unions seront créées qui donneront la possibilité de participer aux soumissions aux appels d'offres lancés dans ce pays. Les opérateurs, qui ont débattu les possibilités de partenariats en séances plénières et en ateliers, se sont entendus également à participer dans des projets liés au secteur maritime. Les expériences des Etats qui se sont associés à la Mauritanie dans ce type de projets ont échoué, a relevé M.M'rakech qui pense que les opérateurs des pays maghrébins réussiront là où les Etats ont échoué. Les opérateurs économiques sont parvenus également à définir d'autres pistes à exploiter, notamment dans le domaine de l'électrification des villes frontalières du côté Est et Ouest de l'Algérie. " Du moment que notre pays assure les besoins des villes frontalières, nous avons décidé de proposer la sous-traitance des activités liées à l'électrification", a encore indiqué M. M'rakech qui pense qu'il s'agit, là, d'un projet fédérateur qui sera étudié sérieusement dans les prochains mois. Parmi les autres secteurs déjà identifiés figure celui des hydrocarbures. Les besoins en bitume de l'Algérie, par exemple, seront assurés par des entreprises mixtes qui seront créées entre les opérateurs des pays du Maghreb. Tout en soulignant la condition de la volonté politique, il s'attend, à travers la concrétisation des projets, à la création de milliers d'emplois. "C'est l'économie qui prime", avance-t-il en souhaitant par la même occasion que les questions politiques ne seront pas une entrave pour édifier une intégration maghrébine. Il a souligné, par ailleurs, que le forum était une occasion pour débattre de toutes questions se rapportant au développement économique et social des pays maghrébins. En réussissant à fédérer les positions de pas moins de 600 opérateurs économiques issus de différents pays maghrébins, malgré les divergences parfois profondes entre ces mêmes pays, le forum organisé par la CAP a été une " totale réussite". De son côté, le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), M. Nait Abdelaziz, a salué l'initiative qu'il souhaite voir s'élargir à d'autres confédérations patronales. Les opérateurs économiques ont relevé la complémentarité qui peut prévaloir entre les pays maghrébins où de réelles potentialités existent. En revanche, estime Nait Abdelaziz, "la volonté politique reste indispensable" dans la mesure où elle "facilitera l'intégration". Un accent devra être mis sur l'aspect économique tout en préservant les intérêts de l'Algérie. Le forum a été aussi l'occasion de soulever l'indispensable rôle que pourront jouer les confédérations patronales une fois réunis sous la coupe d'un seul organisme. "Il faut créer une entité unique qui regroupera les confédérations patronale pour défendre ensemble les intérêts des opérateurs économiques sur les plans national, régional et international", a-t-il souhaité.