Le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal se rend jeudi à Paris pour signer une vingtaine d'accords de coopération et discuter de l'instabilité au Sahel, en particulier en Libye. La délicate affaire des moines de Tibéhirine pourrait également être évoquée, les familles des victimes ayant demandé au président François Hollande d'intervenir auprès d'Alger pour débloquer l'enquête française. M. Hollande recevra jeudi M. Sellal, qui sera accompagné de plusieurs ministres dont ceux des Affaires étrangères Ramtane Lamamra et de l'Industrie Abdessalem Bouchouareb. Le chef du gouvernement algérien co-présidera le même jour avec son homologue Manuel Valls la deuxième réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau, mis en place lors d'un voyage officiel à Alger de M. Hollande en 2012. Les opportunités d'affaires entre les deux pays sont très prometteuses, a déclaré M. Sellal au magazine Afrique-Asie, en jugeant que les relations bilatérales évoluaient de manière positive. L'Algérie veut promouvoir des projets industriels d'envergure et faire évoluer davantage les relations économiques avec la France, a renchéri M. Bouchouareb en recevant lundi le représentant spécial français pour les relations avec l'Algérie, Jean-Louis Bianco. La visite de M. Sellal intervient trois semaines après l'inauguration en grande pompe d'une usine Renault près d'Oran (ouest) qui fabrique la première voiture algérienne. Cette réalisation a été présentée comme un témoignage du renouveau des relations entre les deux pays depuis l'élection de M. Hollande. Alger cherche à diversifier une économie fortement dépendante des hydrocarbures et susceptible d'être fragilisée davantage par la baisse des prix du pétrole depuis trois mois. La France est son troisième client, essentiellement dans le secteur énergétique. De son côté, Paris aimerait retrouver la place de premier fournisseur, après avoir été détrôné par la Chine. M. Sellal devrait assister à la signature d'une vingtaine d'accords emblématiques pour l'avenir de la coopération, selon le Quai d'Orsay. L'un d'eux porte sur un projet de complexe de production de gaz industriel à Annaba (est), destiné au développement de la sidérurgie en Algérie, selon la presse algérienne. Le pays doit lancer en janvier 2015 la construction d'un vaste complexe à Bellara (est) d'une capacité de 4,2 millions de tonnes d'acier par an, en partenariat avec le Qatar. Une coentreprise sera créée dans le domaine de l'ingénierie et du matériel ferroviaire par le groupe français Systra, selon une source diplomatique française. Ces dix dernières années, une centaine d'investissements français d'un montant global de plus de deux milliards d'euros ont été réalisés en Algérie, a indiqué le directeur général de l'Agence nationale de développement de l'investissement (ANDI), Abdelkrim Mansouri. Plusieurs projets sont à l'étude dans la pharmacie, entre le Français Sanofi et l'Algérien Saidal, et dans la cimenterie, selon lui. Au volet sécuritaire, la situation en Libye et dans la bande sahelo-saharienne, ainsi que les pourparlers en cours à Alger entre les parties du conflit malien qui semblent-ils progressent, seront débattues, selon une source diplomatique française. Sur le dossier Tibéhirine, les familles des moines assassinés en 1996 dénoncent, dans une lettre ouverte adressée à M. Hollande, l'absence de coopération des autorités algériennes, ainsi que leur stratégie constante d'entrave à l'enquête des juges Marc Trevidic et Nathalie Poux. Les magistrats ont pu se rendre, en octobre, à Tibéhirine pour exhumer les têtes des religieux et pratiquer leur autopsie, mais sans être autorisés à rentrer en France avec les prélèvements effectués. M. Sellal doit aussi rencontrer jeudi le recteur de la mosquée de Paris et vendredi le président du patronat Pierre Gattaz.