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Divorce à l'algérienne
Chéraga
Publié dans Le Temps d'Algérie le 16 - 05 - 2009

Le divorce est, en soi, une plaie. Une plaie où il ne fait pas bon retourner le couteau. Divorcer, est-ce mal ? C'est hélas souvent un mal nécessaire. Dommage pour les gosses...
Ghania R. avait vingt-cinq ans lorsqu'elle avait connu dans une agence d'assurance Fateh L., un agent BCBG, un beau brun qui allait recevoir un coup en plein cœur en voyant cette éblouissante couturière qui réside dans une cité de transit.
Sept ans après, le couple n'est plus dans l'agence où le coup de foudre les avait liés pour le pire et pour le meilleur, mais dans la salle d'audience pour divorcer à l'amiable.
Le bonheur dans tout cela, c'est le petit garçon de cinq ans qui venait de décéder après une longue maladie qui allait éviter cette déchirure.
Pour tout président du statut personnel, ces affaires sont du gâteau. Tout ce qu'il a à faire, c'est tenir une audience de conciliation, tenter de réconcilier le couple brisé autour des faits que seuls les conjoints connaissent, taisent et ne veulent nullement évoquer même devant le juge à huis clos.
«Notre passé est comme notre présent et notre avenir», confie Ghania à la sortie du bureau du président. Et le paradoxe si elle refuse de nous étaler le pourquoi de la déchirure et de la séparation, elle va raconter plutôt les «munitions» qui ont créé la «détonation».
«J'ai appris durant ces années faites de miel et de sel, qu'il ne faut jamais crier sur tous les toits son bonheur. Il est vrai que j'ai été heureuse surtout lorsque j'ai eu le bébé, mais l'entourage ne nous a pas épargnés.
Lui, ayant un caractère docile, croyait tous ses proches sur ce qui nous divisait, alors que souvent tout n'était qu'invention des uns et des autres», dit-elle, les yeux embués, puis, les larmes tombent.
Elles noient ses pommettes saillantes et son regard s'éteint soudain. Elle se rappelle les propos du juge : «Madame, vous n'avez pas l'air si farouche que cela. Et vous Monsieur, votre tête ne peut qu'attirer de la sympathie. Mais bon, bref, puisque vous avez décidé de vous séparer à l'amiable, vous êtes adultes et savez ce que vous faites et où vous allez.»
«Le divorce est le permis (licite) le moins aimé par Allah, mais lorsque le destin est là, on n'y peut rien.»
Maître Mohammed Lahouel, accompagné par maître Hakim Aïnouz et maître Bachir Mecheri acquiescent de la tête. Vers treize heures, l'audience avait pris fin. Les conjoints, les ex-, les brouillés, les réconciliés, les pris à la gorge par la rupture quittent la salle.
Devant le bus, Ghania, le visage livide, a dû commencer sa traversée du désert, divorce oblige. Fateh L. à quarante ans doit sûrement penser à un second coup de foudre ou à défaut d'une seconde et définitive union, car il s'est dirigé droit au café du coin siroter un café chaud, sucré, car après toute déception, rien ne vaut une confiserie, un gâteau, une sucrerie...
La section «statut personnel» vit des heures non pas de gloire, mais de drames, car elle est le visage d'une société inhumaine gangrenée par la haine, la jalousie, la méfiance, le gain facile, la cupidité, et les juges n'y peuvent rien.


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