C'est sous une pluie battante et un vent violent que le wali d'Alger s'est rendu samedi sur les chantiers du programme LSP, une visite contrariée non pas par les caprices de Dame nature mais beaucoup plus par une réalité qui a fait sortir Abdelkader Zoukh de ses gonds en constatant que la majorité des projets sont en souffrance, pénalisant du coup les souscripteurs en attente d'occuper leur logement depuis de longues années. La raison essentielle des retards dans la livraison reste liée aux aménagements extérieurs (VRD), problème enregistré au niveau des six projets visités. Mais pas seulement. Pour mieux justifier la colère du wali, citons le cas du projet 2684 logements à Draria dont le taux d'avancement ne dépasse pas 35%, alors que son inscription remonte au quinquennat 2005/2009 ! Lancé en 2008, le projet fait du sur-place, au grand dam des familles qui ne cessent de réclamer leur logement. 800 logements seulement sur la totalité de ce projet sont pris en charge pour le moment et le bout du tunnel est loin de pointer. Les travaux de VRD n'ont pas encore droit de cité. Et c'est dans la gadoue que le wali et la délégation qui l'accompagnait ont fait la visite. Zoukh était dans tous ses états : «J'ai hérité d'une situation catastrophique et je ne peux que m'en référer à Dieu», lance-t-il. La situation dont il parle n'est autre que celle léguée par des promoteurs avec des yeux plus gros que le ventre. Des promoteurs n'ayant pas les moyens de leur politique mais qui acceptent quand même un plan de charge volumineux dépassant leurs capacités. Qui blâmer dans ces conditions ? Eux ou ceux qui leur ont attribué les marchés ? «Que chacun assume ses responsabilités», dira le wali. A Bordj El Bahri, même problème au niveau des 1000 logements, vraisemblablement terminés mais non livrables pour cause d'inexistence de VRD. On nous confie que le site ne sera pas habitable avant douze ou même quinze mois ! Un aveu qui met encore une fois le wali hors de lui en précisant lors du point de presse que «cette cité sera réceptionnée au mois d'avril ou au pire des cas en juin de cette année», étayant sa déclaration par «la désignation d'une entreprise pour les travaux de VRD». Ce que le directeur du logement de la wilaya, Smaïl Loumi, a confirmé. A noter que ces deux projets ont été confiés à Batigec Immobilière, entreprise de droit algérien à capitaux 100% belges, rachetée par le groupe Condor, dont le DG de la filière construction, présent lors de la visite, a montré toute sa volonté de reprendre les choses en main. Abdelkader Zoukh a subi malgré lui le harcèlement des citoyens venus s'enquérir de la date de livraison de ce site. Comme c'est le cas pour d'autres sites, le wali a rappelé à l'ordre certains responsables pour leur comportement avec les citoyens. «Ne brusquez pas les souscripteurs, dira-t-il à cet effet, il faut comprendre le comportement légitime de ces pères de famille obligés d'hypothéquer leurs biens, les bijoux de leurs femmes, de recourir à leurs économies amassées pendant plusieurs années de travail pour aspirer à un toit. Certains d'entre eux louent au prix de grands sacrifices financiers un logement avec l'espoir de voir l'épilogue». Relogement de 1200 familles la semaine prochaine Contrairement à ce qui a été annoncé il y a quelques jours, la wilaya va renouer avec le relogement dès la semaine prochaine au lieu du mois d'avril. C'est le wali qui en a fait l'annonce lors du point de presse organisé en marge de sa visite de samedi. L'opération concernera 1200 familles issues des communes non touchées jusqu'à présent par le relogement. Cette décision, explique le wali, vient à la fin du traitement du dossier par la commission de wilaya. Parallèlement, il a rappelé que le programme LSP à Alger compte 42 000 logements dont 11 000 ont été livrés. Pour le reste du programme, soit 31 000 unités, il a tancé les services concernés à mettre les bouchées doubles pour satisfaire les souscripteurs dont beaucoup attendent depuis plus de dix ans. Dans ce cadre, il a annoncé la livraison de 4000 logements d'ici juin, alors que 7000 autres seront livrés avant la fin de l'année en cours. Pour mener à bien cette tâche, le wali a annoncé «un changement de politique de travail». Revenant sur le plus gros bidonville de la capitale, à savoir Haï Remli à Gué de Constantine, il «espère reloger les 4500 familles de ce site au mois d'avril, coïncidant avec la réception de 4000 logements LSP, ce qui portera le nombre total à reloger durant cette période à 8000 foyers.