Malgré l'ampleur prise par le phénomène de la drogue et le nombre croissant de toxicomanes, l'Algérie est restée paradoxalement peu dotée en centres de désintoxication. Deux centres, l'un à Blida, l'autre à Oran, ne pouvaient à eux seuls suffire pour prendre en charge une population de plus en plus nombreuse de jeunes pris dans l'engrenage de ce nouveau cancer qui ronge la société. L'annonce de l'ouverture par le ministère de la Santé de 18 centres de santé destinés aux toxicomanes ne peut que réjouir les familles et les jeunes directement concernés par le problème. Précédant un autre projet de 53 centres intermédiaires de soins dont la mission est d'assurer une prise en charge médicale, psychologique, sociale et psychiatrique des malades et qui verra le jour prochainement, ces centres permettront une couverture quasi-totale des wilayas du pays. L'absence de structures telles que celles-ci a fait que jusque-là le jeune pris en flagrant délit de possession ou de consommation de drogue se retrouvait automatiquement derrière les barreaux. Or, un toxicomane n'est pas forcément un délinquant. Dans son intitulé, la loi n° 18 04 du 25 décembre 2004 comprend, en plus du terme de répression de l'usage et du trafic de drogue, celui de prévention. Une action qui induit l'existence en amont de structures spécialisées pour ce faire. Les saisies de tonnes de drogues de ces dernières années sont révélatrices de l'étendue du fléau et de la gravité des conséquences induites sur la santé déjà précaire des Algériens. Savoir que les consommateurs se recrutent parmi les jeunes de moins de 35 ans, pour une portion de 83,59%, donne encore plus à réfléchir et à devoir agir vite pour barrer la route à cette donneuse de mort. L'urgence à prendre à bras le corps ce problème est plus que d'actualité. Aujourd'hui ce n'est pas tant le fait de savoir que des tonnes de drogues, des plus douces aux plus dures, saisies qui est inquiétant, mais celui d'être amené à admettre que notre pays est devenu une plaque tournante du trafic de drogue. En devenant dans la région sud un pays de transit, il devient immanquablement un pays de consommation. Et si l'on parle aisément des tonnes saisies régulièrement, que sait-on de celles qui passent entre les mailles des filets des services qui luttent contre ce mal qui ronge la société ? Entre les mains de qui atterrissent-elles ? Des mains malveillantes, qui en ont fait un commerce des plus rentables et une marchandise facile à écouler, semble-t-il, à voir la vulgarisation atteinte par la consommation de la drogue. Au train où vont les choses, ce n'est plus de sa première cigarette que le jeune adolescent se vantera, mais de son premier joint.