Afin de contrer la montée en puissance de la toxicomanie, il a été décidé l'ouverture de 15 centres de cure de désintoxication à travers le territoire national, en sus de la mise en place de 53 centres intermédiaires de soins en toxicomanie. «Ces centres de désintoxication sont effectivement en cours de réalisation», a affirmé Abdelmalek Sayah, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), sans toutefois avancer de date précise quant à leur mise en service. L'ouverture de ces structures a été décidée en haut lieu pour faire face à la demande croissante de suivi et de soins à prodiguer au nombre de plus en plus important de toxicomanes, comme en témoigne les chiffres alarmants de saisies de drogue et d'arrestations de trafiquants quasi-quotidiennes communiquées par les autorités. Des tonnes de drogues dites douces sont régulièrement interceptées aux frontières ou en la possession de dealers ou de consommateurs.En parallèle aux mesures coercitives et répressives prises à l'encontre des trafiquants et des consommateurs, la prise en charge sanitaire des toxicomanes désireux de sortir de cette spirale infernale reste insuffisante, voire inexistante. De l'aveu même de M. Sayah, «la prise en charge des personnes en état de dépendance est nettement inférieure à la demande. Les deux centres de cure activant en Algérie, l'un à Blida et l'autre à Oran, ne disposent que de 40 lits, ce qui ne suffit pas à traiter et à sevrer tous les toxicomanes», déplore-t-il. Ce constat est partagé par nombre de professionnels, les psychiatres en particulier qui reçoivent souvent en consultation des personnes dépendantes. «Bien que les toxicomanes soient pris en charge dans tous les services psychiatriques, cela demeure insuffisant. D'ailleurs, les centres de soins et de désintoxication qui doivent ouvrir en 2010 pourront aider au sevrage d'un plus grand nombre de personnes», assure le docteur Bouchène Farid, psychiatre et président de l'Association algérienne des psychiatres d'exercice privé (Aapep). Car même les centres intermédiaires de soins en toxicomanie ouverts dans chaque wilaya ne contribuent pas à venir au secours des personnes qui s'y présentent. Pâtissant d'un manque flagrant de moyens, tant matériels qu'humains, les psychiatres y exerçant reçoivent les «patients» en simple consultation et ne peuvent pas dispenser de soins à proprement parler. «En marge de la prévention et de la répression qui au demeurant sont des plus importantes, la situation exige aussi de la part des autorités une plus grande implication quant aux cures de ces addictions. Il faudrait former des équipes pluridisciplinaires constituées de psychiatres, de personnel paramédical, de psychologues et autres éducateurs à même de s'occuper du sevrage des toxicomanes, et doter des infrastructures en matériel nécessaire à cette tâche», confie le psychiatre. Cependant, et malgré ces lacunes, les services qui tentent de soigner les toxicomanes en Algérie ont tout de même pu traiter en une décennie plus de 30 000 toxicomanes. «En 2008, ils étaient 5934 personnes, un record en soi», commente M. Sayah qui ajoute que «ces chiffres, d'après les projections, sont malheureusement appelés à connaître une forte augmentation».