Encouragés par les dispositions du système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) qui a débuté cette semaine, les producteurs de pomme de terre ont entamé sur les chapeaux de roues la campagne de récolte de saison. En effet, ce dispositif réajusté à la lumière de l'expérience de l'année précédente et mis en application depuis une semaine a vu une forte adhésion des fellahs qui pour profiter de la durée de stockage s'activent. L'Etat ayant tiré les leçons de la campagne écoulée a pris le taureau par les cornes en confiant la gestion de ce nouveau dispositif à l'EPE Setrad relevant de la SGP Proda afin d'avoir affaire à un seul partenaire qui s'occupera de la régulation du marché de la pomme de terre durant les périodes de soudure. Cette entreprise qui aura la charge d'acheter ce produit de chez les fellahs s'est vu attribuer par l'Etat une enveloppe de 100 milliards de centimes. Le procédé est bénéfique aussi bien pour le fellah que pour le «stockeur» ; le producteur perçoit 20 DA par kilogramme au moment de stockage de son produit. «La pomme de terre doit être saine, bonne à être stockée et marchande», précise Abdelhay Kourde, chef du service Sopat au niveau de la direction des services agricoles de la wilaya de Aïn Defla, qui ajoute qu'un bureau de cette entreprise de gestion est ouvert au niveau de la DSA pour faciliter la signature des conventions entre le fellah et la Setrad. Cette société aura également à gérer le stockage et le déstockage en offrant 1,80 DA par kilo et par mois pour la pomme de terre emballée dans des filets et 1,50 par kg et par mois pour le vrac.Pour bénéficier de ces avantages, la campagne de récolte a démarré en grande pompe du fait que de nombreux fellahs préfèrent céder leur production à cette société que de la mettre sur le marché où les prix ne cessent de chuter. En une semaine, le prix du kilo sur champ est passé de 22 DA mardi à 17-16 DA jeudi pour atteindre 15 DA samedi à 10h. «Ces prix vont continuer à baisser tant que le soleil brillera pour se stabiliser autour de 12 DA début juin», indiquera Hadj Abderrahmane, un producteur d'El Amra. Selon le directeur des services agricoles de la wilaya de Aïn Defla, la production estimée cette année est de l'ordre de 2 millions de quintaux, une surproduction de quelque 600 000 quintaux par rapport à l'année 2008 du fait que les cultures n'ont pas été affectées par le manque d'engrais, la pluviométrie, 480 mm durant les six derniers mois, a compensé ce déficit en engrais et les maladies ravageuses n'ont pas été déclarées. «in Defla pourrait stocker plus si elle disposait de capacités de stockage plus importantes», dira le DSA, en soulignant qu'actuellement les capacités recensées sont de l'ordre de 156 000 m3 pouvant stocker 500 000 quintaux, soit le quart de la production totale, une situation qui ne créera pas de pénurie sur le marché. Ahmed Mordjani, producteur de pomme de terre à Rouina, se dit surpris par l'absence de main-d'œuvre pour la récolte bien que les élèves de première et de deuxième années secondaires sont déjà en vacances. Les ouvriers occasionnels profitent eux aussi de la situation en faisant monter les enchères. Un ouvrier qui percevait 25 à 30 DA par caisse de 26 à 28 kg exige aujourd'hui 35 DA et pour les sols friables. En sol dur, il demande jusqu'à 40 DA. «La pomme de terre à 100 ou 120 DA, c'est du passé», conclut le DSA.