La plage du Casino est actuellement en travaux en prévision de son ouverture à la baignade cet été. En parallèle, la ville continue de tomber en ruine et la casse finit le plus souvent sur le rivage, surtout du côté du lieudit La Patriote.Face à la déchéance qui a gagné le tissu urbain de l'ancienne ville de Aïn Benian, il a fallu commencer par quelque chose afin de tenter de sauver ce qui pouvait l'être.Pour ce faire, les autorités se sont occupées du Casino. Pas la salle de jeux, mais la plage. Le Casino est en fait l'un des lieux de baignade favoris des Guyotvillois, à côté du Patriote. Fermée depuis des années, elle pourrait être rouverte à la baignade cet été. Sur place, un chantier a été installé. «Tous les Epic (établissement public à caractère industriel et commercial) de wilaya interviennent ici», précise le chef de chantier. Le gros des travaux d'aménagement sont confiés à l'Epic Ateliers d'Alger. Les équipes de cet établissement s'affairent actuellement à créer des toilettes publiques ainsi que des douches en plein air. Une plateforme en béton a été construite. «Une cabine saharienne y sera installée pour abriter les locaux de la Protection civile», dit-on. Jusqu'ici, la plage a gardé l'image d'une décharge sauvage. Les riverains y jetaient leurs déchets ménagers. Malgré les travaux de terrassement, les ordures sont toujours visibles. Dans le périmètre du chantier, le visiteur remarque une grosse conduite des égouts d'une partie de la ville. Autrefois, les eaux usées finissaient en mer. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. «Les eaux usées se déversent dans une station avant leur refoulement», explique le chef de chantier. Ainsi, les égouts parviennent jusqu'à la plage puis sont refoulés en direction de la station d'épuration de Beni Messous, qui se trouve à l'extrémité ouest de la commune de Aïn Benian. Pour faciliter l'accès à la plage aux habitants de l'avenue Si M'hamed et ses environs, un passage pour piétons est en cours de construction. Les travaux d'aménagement se font sous le regard des jeunes du quartier. Ces curieux disent apprécier le fait que les autorités aient enfin pensé à rouvrir Le Casino et le rendre aux résidants. La plage, selon les souvenirs d'un habitant, était encore très fréquentée à la fin des années 1960. «Je me souviens que des touristes étrangers campaient sur le rivage», se rappelle Riadh. Notre guide ne s'est pas rendu au Casino depuis un bon moment. Et c'est avec bonheur qu'il découvre les travaux d'aménagement. «C'était donc vrai !», s'exclame-t-il, en précisant qu'il avait entendu des gens en parler dans son quartier. L'exception qui confirme la règle Mis à part le projet d'aménagement du Casino, le «village» sombre dans une indifférence totale. Tout rappelle en fait l'absence d'une prise en charge de l'ancienne Guyotville. Le terrain omnisports (hand et basket) Boulomane se trouve à côté de la plage Casino. Une partie du mur d'enceinte donnant sur l'entrée de la plage s'est effondrée probablement sous l'effet répété de la pluie. Les ruines sont encore sur place depuis plusieurs années. «Comme vous voyez, le stade est en abandon», résume Riadh. Le terrain fait actuellement le bonheur des enfants qui y organisent des rencontres de foot. Il fait également le bonheur des marginaux qui s'y cachent pour boire ou se droguer. Les escaliers donnant directement sur l'avenue Si M'hamed sont jonchés de canettes de bière et autres saletés. «Les habitants sont fatigués», avance Riadh pour tenter d'expliquer l'indifférence des riverains quand à la transformation de l'enceinte en un lieu malpropre. Notre guide garde toujours les souvenirs des matches qui s'organisaient dans ce stade. «Le WBAB (Widad Baladiat Aïn Benian) accueillait les autres équipes ici. L'équipe de handball qui évoluait en division I jouait sous les regards des habitants qui assistaient aux rencontres à partir des balcons de leur maison», indique Riadh. Le WBAB hand est actuellement domicilié à la salle omnisports Ahcène Moutchou de la ville. D'ailleurs, après plusieurs années en championnat régional, il accède en 2009 en Superdivision. A la sortie du stade Boulomane, le visiteur tombe sur les restes d'un «square». Il s'agit d'un petit espace vert complètement abandonné. Les deux boutiques s'y trouvant sont ouvertes, mais le jardin proprement dit est livré aux herbes folles. Le parc le plus connu du «village», c'est plutôt celui où se trouve actuellement le siège de l'APC. «C'était un bijou», assure Riadh. Les lieux gardent encore intact leur charme, malgré l'absence d'entretien. L'APC y a fait installer des bancs publics et c'est tout. Les barreaux qui ceinturent le square de tous les côtés ont été complètement rongés par la rouille. A la place de la statuette placée au milieu du jardin du temps de la présence française dans la ville, il a été décidé d'ériger un mémorial de martyrs de la guerre de Libération. C'est dans un moment de recueillement à leur mémoire que le visiteur remarque les restes d'une bâtisse effondrée de l'autre côté de la rue. A Aïn Benian, le tissu urbain est tellement fragile que des avis de démolition sont affichés sur les façades de plusieurs immeubles évacués. Les rues et ruelles du «village» sont encombrées de gravas. Dans le meilleur des cas, la «casse» est abandonnée sur le rivage. Le lieu le plus prisé pour ce genre d'opérations, c'est La Patriote !