Les autorités publiques veulent mettre un terme aux constructions anarchiques et aux habitations menaçant ruine à Alger. Cette opération combien salutaire intervient malheureusement tardivement, car des grandes cités anarchiques ne répondant à aucune norme urbanistique ont été construites dans les différentes communes de la capitale. Il suffit de citer à ce propos les cités populaires de La Montagne, de La Glacière et d'El Hamiz. Ces endroits sont devenus problématiques non seulement pour les habitants mais également pour les autorités qui ne peuvent pas intervenir dans ces endroits que ce soit pour la gestion de l'eau, de l'électricité ou l'assainissement. L'urbanisation selon les normes requises demeure le véritable problème non seulement d'Alger, mais de tout le pays. Au niveau de la capitale, il a été décidé pour le moment d'éradiquer les habitations précaires, notamment les bidonvilles et les immeubles menaçant ruine (IMR), avec la réception et la distribution, d'ici à 2016, de plus de 84 700 logements. Sur les 84 766 logements inscrits au programme d'éradication de l'habitat précaire dans la wilaya d'Alger, 25 808 unités sont en cours de distribution depuis le mois de juin. «Nous nous attendons à réceptionner 11 000 autres logements d'ici à la fin 2014. La réalisation de ce qui reste de ce programme avance à un rythme très acceptable et sa réception est attendue pour 2015 et 2016», a indiqué jeudi le directeur du logement Smaïl Loumi lors d'une session de l'Assemblée populaire de wilaya (APW). Au-delà de 2016, aucune famille ne devra donc continuer à habiter dans un bidonville, un quartier insalubre, encore moins dans une cave ou une terrasse d'un immeuble dans les 57 communes de la capitale, selon le planning avancé par M. Loumi devant les élus à l'APW. La wilaya, qui s'apprête à évacuer cette semaine les familles vivant dans le périmètre du chantier du barrage-réservoir de Douéra, se donne un défi historique dans la mesure où le problème de l'habitat précaire dans la capitale n'a jamais été résolu jusque-là. C'était aussi l'occasion au wali Abdelkader Zoukh de rassurer une population qui reste sur le qui-vive dans l'attente du déménagement tant rêvé, aussi bien dans les cités populeuses que dans les immenses bidonvilles de Gué de Constantine ou Beni Messous et Z'ghara sur les hauteurs de Bab El Oued. «L'offre en logements dans la wilaya dépasse le nombre des familles concernées par le recasement. Chaque famille aura son appartement, mais progressivement. L'opération entamée en juin dernier ne s'arrêtera qu'une fois toutes les habitations précaires évacuées», a affirmé M. Zoukh à l'ouverture des travaux de cette session de l'APW. Démolition des cités anarchiques : une urgence En effet, si le programme de logements en question est doté de plus de 84 700 unités, le nombre des familles concernées par le recasement est exactement de 72 752. «Les résultats du diagnostic réalisé durant et après 2007 montrent que 72 752 familles, recensées par les circonscriptions administratives et les communes, sont concernées par le relogement», a précisé le directeur du logement, qui n'a pas rappelé les 12 000 logements distribués dans ce cadre en 2010. Les services de la wilaya ont ainsi recensé 569 bidonvilles (58 468 familles), 9 sites de chalets (2498 familles), 22 HLM vétustes (5198 familles), 382 IMR (3060 familles) et 882 caves et terrasses (3528 familles), a détaillé M. Loumi. Par ailleurs, la première phase de cette vaste opération de recasement, lancée le 21 juin à Birtouta, a permis jusqu'ici de transférer 10 236 familles vers les nouvelles cités à Heuraoua, Birtouta, les Eucalyptus, Ouled Chebel, mais également à Larba dans la wilaya de Blida. Elle a permis, selon M. Loumi, de reloger les occupants de 64 bidonvilles (4261 familles), de la totalité des sites de chalets, de cinq HLM (1245 familles), de 264 immeubles menaçant ruine (2091 familles) en plus de 385 familles vivant dans des caves et des terrasses d'immeubles dans des communes du centre-ville de la capitale. La démolition des cités comme celles citées auparavant, notamment La Glacière et la Montagne, devient une urgence. Pour des experts en la matière, il faudrait concevoir une politique d'urbanisation spécifique à la capitale de manière à bannir les constructions individuelles anarchiques.