Mohamed Salem Ould Salek, le chef de la diplomatie sahraouie, a dénoncé hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'ambassade sahraouie, le discours prononcé jeudi dernier par le souverain marocain Mohammed VI, affirmant qu'il s'agissait d'un «discours suicidaire dénotant l'isolement du Maroc». «Le Maroc a toutes les caractéristiques d'un Etat colonial, et ses tentatives de se dérober aux engagements et décisions l'ont mis dans un état d'isolement sans précédent et en confrontation avec les instances internationales des droits de l'homme», a relevé le ministre sahraoui, qui ajoutera que «sa politique (du Maroc, ndlr) de corruption et de chantage et de création de lobbies dans plusieurs capitales a été vaine». M. Ould Salek a mis en exergue les entraves que le Maroc met au travail de nombre d'organisations et rapporteurs de l'ONU, évoquant l'existence d'informations et de documents qui révèlent au grand jour l'implication du régime marocain dans des scandales de corruption avec des instances onusiennes, des organisations internationales et des gouvernements soutenant ses thèses. Le responsable sahraoui a mis l'accent sur l'illusion affichée par le Maroc quant aux efforts pour trouver une solution pacifique en affirmant que «le discours du souverain marocain bat en brèche le crédit des motifs et prétextes avancés par ceux qui, au Conseil de sécurité et ailleurs, se sont employés à faire accroire à la communauté internationale que la partie marocaine coopérait aux démarches visant une solution pacifique, juste et honnête garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Le désengagement du Maroc vis-à-vis des décisions de la légalité internationale et les entraves faites à l'action de l'ONU pour la décolonisation du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, «dévoilent l'entêtement exprimé par le souverain marocain dans son dernier discours et mettent la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité, devant leurs responsabilités historiques», a souligné le responsable sahraoui. Concernant le processus de négociations entre les parties marocaine et sahraouie, M. Ould Salek a souligné que le Front Polisario «demeure attaché au règlement pacifique de la question sahraouie, en dépit de la pression exercée par les Sahraouis pour le retour à la lutte armée pour arracher la liberté et l'indépendance». Devant l'inertie de la communauté internationale et le non-respect des décisions de la légalité internationale par le Maroc, le peuple sahraoui «n'aura d'autre choix que de retourner à la lutte armée», a averti M. Ould Salek, lançant un appel «pressant» à l'UA et à l'ONU afin qu'ils assument leurs responsabilités en mettant fin au processus de décolonisation du Sahara occidental et permettant au peuple sahraoui, qui «a réagi avec responsabilité et sagesse aux efforts louables de l'organisation internationale», d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance . Enfin, le responsable sahraoui estimera que la question sahraouie connaît aujourd'hui «une évolution positive quand bien même le rythme demeure lent».