Face à la constante hausse de la facture alimentaire, aggravée par le recul des cours du pétrole depuis juin 2014, le Forum des chefs d'entreprise (FCE) plaide pour le lancement d'un «plan d'agriculture intensive» au niveau des wilayas du Sud et des Hauts Plateaux. «L'objectif est de concentrer les ressources et les efforts sur les régions ayant un potentiel de production satisfaisant en termes de surface agricole, d'eau et d'infrastructures», explique l'organisation dans son plaidoyer «pour l'émergence de l'économie algérienne», remis au Premier ministre en juillet dernier. Le Fce propose de mettre l'accent sur l'augmentation de la rentabilité des exploitations, car «la pratique de l'agriculture intensive se présente aujourd'hui comme la solution appropriée pour résorber le problème de la dépendance alimentaire». Ce système de production est «la clé pour notre pays afin d'assurer son autosuffisance alimentaire et accroître notre potentiel à l'exportation de produits agricoles». En raison de la dépendance alimentaire qui a atteint des seuils alarmants, le FCE ne manque pas de relever que la situation est «dangereuse et insoutenable à terme», ce qui rend indispensable de mettre en œuvre «une politique volontariste» visant à réduire d'au moins 50% la facture d'importation alimentaire sur une période de 10 ans. Parmi les mesures préconisées, le lancement d'un plan de concession de surfaces agricoles de l'ordre de 1000 à 2000 hectares au profit d'investisseurs nationaux avec comme objectif la mise en valeur de cinq à dix millions d'hectares à l'horizon 2030. La concession aussi aux producteurs du secteur privé de surfaces agricoles de l'ordre de 10 000 à 100 000 hectares pour en assurer la viabilisation et l'exploitation. Le forum recommande également «une orientation vers le développement à grande échelle des principaux produits importés (laits, céréales, huiles, viandes, légumes secs)». Pour assurer l'autosuffisance et la sécurité alimentaire du pays, il est indispensable de développer le secteur agricole afin de diminuer la facture des importations alimentaires qui passerait à moyen terme de 10 milliards de dollars à moins de 3 milliards de dollars. Des subventions agricoles bien ciblées Mais, conditionne le forum, il faudra mettre en place un système des prix rémunérateurs garantis aux producteurs, à travers lequel l'accès aux subventions sera subordonné aux résultats obtenus. Le FCE propose d'élaborer un programme visant l'intensification de l'exportation de produits nationaux, avec une aide spécifique à consacrer aux produits exportés avec pour premier objectif d'exploiter les 100% du contingent algérien de produits agricoles admis en franchise sur le marché européen. Dans un marché de fruits et légumes désorganisé, l'organisation préconise la mise en œuvre effective de l'organisation des marchés de gros des produits agricoles comme points d'entrée obligatoires pour toute la production agricole. Cependant, relève-t-on, «le système des prix administrés est une entrave sérieuse qui décourage les investissements dans le développement de la filière». Pour dépasser ces obstacles, trois objectifs doivent être atteints. Il s'agit de rendre le secteur agricole exportateur net en lui assurant une balance commerciale positive à moyen terme, et assurer graduellement l'import-substitution dans les domaines des céréales et du lait. Pour la filière lait, le Fce propose d'assurer l'intégration en amont de la filière en priorisant les laiteries bancables dans l'affectation de grands périmètres fonciers en vue de la production de fourrages, débureaucratiser et dynamiser les procédures administratives de l'application de la circulaire interministérielle relative à la concession du foncier agricole. Il est recommandé également de revoir le système des prix administrés de la filière lait en abrogeant le décret exécutif de février 2001 pour assurer à tous les acteurs une marge positive. Dans le domaine de la production de ce produit de première nécessité, le forum appelle à «assurer une certaine rationalité/cohérence/équité dans l'affectation des quotas de poudre de lait».