Le déplacement aujourd'hui du Premier ministre Abdelmalek Sellal à Constantine sera l'occasion pour le chef de l'exécutif de rompre le silence sur de brûlantes questions d'actualité que la «communication officielle» a éludées, voire ignorées. Pour sa seconde visite en l'espace de 4 mois dans l'antique Cirta où il a eu, en avril, à présider l'ouverture de la manifestation «Constantine capitale de la culture arabe 2015», Sellal «participera» aujourd'hui, selon le communiqué officiel émanant de son département, «aux festivités nationales organisées à l'occasion de la journée du Moudjahid». Selon toujours le même document, «le Premier ministre, qui sera accompagné d'une délégation ministérielle, procédera à l'inspection, au lancement et à l'inauguration de plusieurs projets à caractère socioéconomique». Si cette visite paraît conjoncturelle (participation à la célébration du double anniversaire du congrès de la Soummam de 1956 et l'offensive du Nord constantinois de 1955), et ordinaire (inspection et lancement de projets), elle revêt néanmoins un caractère particulier tant elle intervient dans une conjoncture particulière, car le pays est effectivement face à plusieurs défis (économiques, sécuritaires, politiques…). Le Premier ministre qui venait d'instaurer à l'occasion de ses dernières visites (Oran, Mascara et Alger) une nouvelle façon de distiller des messages politiques en improvisant de brefs «points de presse», chose qu'il ne faisait pas avant la campagne électorale pour l'élection présidentielle d'avril 2014 où tous ses messages passaient nécessairement par les fameuses «rencontres avec la société civile», est aujourd'hui attendu sur plusieurs registres. Il aura sûrement l'occasion, in situ, de constater par exemple «les retards» avérés dans la réalisation des projets entrant dans le cadre de «Constantine, capitale de la culture arabe» et saisir, pourquoi pas, cette opportunité pour revenir sur l'instruction donnée au wali de «bloquer» tous les projets non encore lancés. Une instruction que d'aucuns assimilent à «la panique du gouvernement», qui n'arrive pas à mettre en œuvre une réelle politique de développement et de diversification des ressources, et qui devient subitement «austère», alors que les prix du pétrole qui représentent plus de 90% des recettes du pays fondent comme neige au soleil. Le Premier ministre est attendu aussi sur la loi de finances 2016. Au rythme de la chute du prix du baril qui cible directement le Fonds de régulation des recettes (FRR), les dispositions de la LF 2016 risquent d'induire des coupes budgétaires conséquentes. La rentrée étant à nos portes, Abdelmalek Sellal, en tant que chef de l'exécutif, instruit par le Président lors du dernier Conseil des ministres, devra sans doute «rassurer» sur «les dispositions nécessaires» que son gouvernement a prises «pour la réussite des prochaines rentrées scolaire, universitaire, et de la formation professionnelle». La rentrée est aussi «politique», puisqu'il est prévu, selon des «indiscrétions», la programmation de la révision constitutionnelle pour la prochaine session parlementaire. Sellal est attendu sur ce point pour confirmer ou infirmer «la décision» du chef de l'Etat de soumettre son projet aux deux chambres du Parlement. En plus de toutes ces tensions économiques, sociales et politiques, la situation peu reluisante aux frontières du pays est un autre «thème» sur lequel le Premier ministre est attendu. En effet, la recrudescence, ces derniers jours, des actes terroristes sur le sol algérien, les tentatives multiples d'introduction d'armes sur le territoire national, la reprise des violences au Mali alors qu'un accord de paix entre les différentes parties est signée à Alger, le pourrissement de la situation en Libye, sont autant de sources d'inquiétude pour les citoyens. Le gouvernement devra rassurer.