Le secteur de l'éducation nationale n'a jamais été aussi uni. Contrairement à ce qui a été rapporté jusque-là, quasiment l'ensemble des syndicats de l'éducation s'est montré plus que jamais solidaire avec la tutelle. En effet, lors de la réunion tenue hier entre la ministre de l'Education nationale et les syndicats, ces derniers ont reconnu les «efforts» consentis par la ministre pour tirer vers le haut l'école algérienne. «L'école algérienne est malade depuis plus de 30 ans, et la ministre n'est là que depuis deux ans. C'est pour cela que la majorité des syndicats la soutient dans ses démarches», déclarent des syndicalistes que nous avons interrogés. La polémique créée depuis quelques semaines autour de l'usage des langues maternelles dans l'enseignement n'est pour les syndicalistes qu'«un faux problème» qui «ne mérite pas plus de considération». Pour le secrétaire général du Satef, Boualem Amoura, «ces personnes qui font de la fatwa autour de ce faux problème ont tout simplement eu peur de perdre leurs intérêts et leurs privilèges». M. Amoura dit être étonné par ceux qui sont intervenus à ce moment précis alors qu'ils se sont toujours tus lorsqu'il fallait demander l'amélioration des conditions de scolarisation de nos enfants. Il fallait réclamer des cantines… «Quand il fallait réclamer des cantines et le transport scolaire, le chauffage, signaler la surcharge des classes, parler des enfants scolarisés dans des garages, personne ne s'est manifesté pour déplorer ces vrais problèmes qui minent l'école algérienne», s'indigne le SG du Satef. Pis encore, où étaient-ils quand il fallait demander pourquoi les universités algériennes ne figuraient jamais dans le classement mondial ou pourquoi le baccalauréat algérien n'est pas reconnu à l'étranger ? C'est sur toutes ces questions que nous aurions voulu entendre ceux qui ont alimenté la propagande», fulmine-t-il. Et d'ajouter : «Depuis longtemps déjà, les enseignants algériens usent de la darija et des langues maternelles pour transmettre le savoir». Boualem Amoura témoigne «qu'habituellement, nous présentons les cours en arabe classique, ensuite nous essayons d'expliquer en utilisant les langues maternelles puisque le but principal est de faire passer le message pour que l'élève puisse sortir du cours en ayant assimilé ses leçons». Des privilèges en jeu... Et au chef du Satef d'asséner : «La langue arabe et la religion ne sont pas le bien de ceux qui se sont révoltés ces dernières semaines, elles appartiennent à tout le peuple algérien». C'est pourquoi notre interlocuteur estime qu'il faudrait laisser les spécialistes intervenir et décider dans ce dossier. Même réaction chez les syndicalistes du Cnapest. Joint par téléphone, Nouar Larbi, secrétaire général du Cnapest, pense que «la polémique sur l'enseignement et tout ce qui a été dit autour n'est au final qu'un faux débat». Pour ce syndicaliste, la Constitution est claire sur ce sujet et le secteur de l'éducation n'a pas l'intention d'aller à contre-courant. «L'enseignement en langue classique n'a jamais été contesté et l'usage des langues maternelles par les enseignants existe depuis toujours», dira Nouar Larbi. D'après lui, «il n'y a pas de décisions dans ce sillage, c'est tout simplement un problème pédagogique qui doit être débattu entre spécialistes».