L'accueil des migrants divise l'Europe et dévoile la nature profonde des Européens. Alors que la vague de migrants se poursuit en Europe, hier, ce sont onze réfugiés, des Syriens, qui se sont noyés au large des côtes turques ; six ont été secourus et cinq autres sont portés disparus. Tentant de rejoindre la Grèce, deux embarcations à bord desquelles se trouvaient des Syriens ont chaviré non loin de la péninsule de Bodrum, selon l'agence de presse turque Dogan. Seize personnes avaient embarqué sur la première embarcation qui se dirigeait vers l'île de Kos, dont sept sont mortes, cinq sont portées disparues et quatre ont été secourues. Alors que sur les six autres Syriens à bord du deuxième bateau, seules deux personnes ont survécu grâce à leurs gilets de sauvetage, une femme et trois enfants ont succombé. Avant-hier, le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) a signalé que 178 migrants, originaires du Sénégal, de Côte d'Ivoire et du Nigeria ont été sauvés, et la noyade de quatre migrants en Méditerranée centrale. Plus de 2500 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée depuis le début de l'année, selon le HCR. 4300 migrants débarquent au Pirée La Grèce fait face depuis hier et avant-hier à une vague importante de migrants arrivés au port du Pirée près d'Athènes. En effet, les autorités grecques ont amené de l'île de Lesbos environ 4300 migrants de diverses nationalités au port du Pirée, soit environ 1800 mardi soir et 2500 hier à l'aube. Ces derniers ont été acheminés dans une gare proche, selon la police portuaire. Dépourvues de moyens pour faire face à ce flux, les autorités grecques ont lancé un appel dans ce sens à l'Union européenne. Le gouvernement par intérim a promis d'améliorer les conditions d'accueil des migrants - qui dorment à la belle étoile, dans les jardins publics, et sont sans nourriture - et accélérer leur enregistrement et leur identification. Le ministre adjoint à la politique migratoire, Ioannis Mouzalas, a estimé que le règlement de la question migratoire nécessite «l'intervention immédiate de l'Union européenne et doit même être portée au niveau des Nations unies». Nouvelle manifestation de migrants devant la gare de Budapest. La gare internationale de Budapest a été hier le théâtre de manifestations. L'accès de la gare étant bloqué depuis mardi dernier, près de 2000 migrants, voulant rejoindre l'Allemagne, ont manifesté devant la gare en scandant le mot «Liberté». Depuis lundi dernier, la Hongrie a bloqué le départ des réfugiés vers l'Europe occidentale. Et c'est pour en discuter que lundi prochain, les chefs de gouvernement de l'Europe centrale se réuniront. Plus au sud, c'est l'Italie qui a décidé hier de durcir le ton, à la demande de l'Allemagne, en renforçant les contrôles frontaliers. L'Italie va donc renforcer temporairement les contrôles au tunnel du Brenner la reliant à l'Autriche. Réminiscences nazies La police tchèque a procédé à l'inscription de numéros sur la peau de réfugiés retrouvés à bord d'un train, ce qui a suscité l'indignation de juristes et de militants humanitaires tchèques, un acte qui rappelle, dans cette région de l'Europe, le marquage des juifs durant la période nazie. L es autorités, pour se défendre, ont affirmé que cela permet d'identifier les familles et ont précisé que les familles avaient donné leur accord. Face à l'argumentaire des autorités, ces juristes avancent des arguments juridiques. «Aucune loi ne permet de marquer les gens de cette manière», a déclaré Zuzana Candigliota, avocate de la Ligue tchèque des droits de l'homme. Enfin, selon un sondage réalisé en août, sur les 1040 Tchèques interrogés, 93% d'entre eux sont favorables au retour des migrants dans leur pays d'origine. Les Français, eux, sondés les 1er et 2 septembre, étaient majoritairement opposés à l'accueil de migrants. Ils sont 56% contre l'accueil de nouveaux migrants et réfugiés en France, selon une enquête d'opinion Elabe réalisée pour BFMTV. Les Allemands sortent du lot, puisqu'ils sont 60% à estimer que leur pays a les moyens d'accueillir les 800 000 demandeurs d'asile.