Des milliers de migrants, des réfugiés syriens surtout, ont été acheminés, hier, par les autorités grecques au Pirée, prêts à poursuivre leur odyssée vers le nord de l'Union européenne. En Allemagne, plusieurs centaines de migrants sont arrivés le même jour, la plupart entassés dans des trains à destination de Munich (sud), après l'afflux record observé la veille. L'Italie a, pour sa part, annoncé avoir secouru 221 migrants massés dans deux bateaux gonflables au large des côtes libyennes. Plus au nord, la Belgique a enregistré un flux sans précédent d'arrivées et un campement s'est improvisé près du principal centre d'enregistrement des réfugiés à Bruxelles. En Suède, l'Agence des migrations a indiqué, mardi dernier, que le nombre de demandes d'asile dans le pays avait approché, la semaine dernière, son record historique. Très critiquée par ses partenaires européens, la Hongrie est le pays qui souffre le plus des flux migratoires. A Budapest, les autorités ont fait évacuer la gare de Keleti après que quelque 500 migrants eurent tenté de monter, dans le chaos, à bord du dernier train qui devait partir pour Vienne. L'évacuation, encadrée par plusieurs centaines de policiers, s'est effectuée sans incident mais a provoqué une manifestation spontanée de 200 personnes devant la gare criant « Allemagne, Allemagne ! », et « Nous voulons partir ! ». Il s'agit, soutiennent plusieurs annalistes, du plus grand mouvement migratoire que le Vieux continent n'a jamais connu depuis 70 ans. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 350.000 personnes ont risqué leur vie depuis le début de l'année en traversant la Méditerranée, et 2.643 personnes sont mortes en mer pour avoir tenté de rallier l'Europe. Cet afflux de populations fuyant la guerre, les persécutions et la pauvreté au Moyen-Orient et en Afrique constitue « le plus grand défi pour l'Europe pour les années à venir » a estimé, mardi dernier, le Premier ministre espagnol, Marian Rajoy à Berlin. Mais les 28 pays membres de l'Union européenne restent divisés, avant une nouvelle réunion d'urgence prévue le 14 septembre. Plusieurs responsables occidentaux ont récemment critiqué les pays de l'Est membres de l'UE pour leur manque d'empressement à accueillir des migrants, mais aussi les institutions européennes. « Nous devons maintenant travailler à réussir la mise en place d'une politique d'asile commune (...) et non pas nous accuser les uns les autres, nous devons changer les choses » a jugé, dans ce contexte, mardi dernier, la chancelière Angela Merkel. L'Allemagne, qui s'attend à devoir enregistrer 800.000 demandes d'asile en 2015, un record européen, milite pour la mise en place de quotas d'accueil par pays, une idée rejetée par de nombreux Etats. « La priorité de l'Europe reste d'empêcher les migrants de perdre la vie en tentant de rejoindre l'Europe » a déclaré, de son côté, le président du Conseil européen, Donald Tusk, en visite à Zagreb, condamnant toute « réaction hostile, raciste ou xénophobe » sans se prononcer sur l'organisation concrète de l'accueil.