Le Pr Messaoud Zitouni, coordonnateur du Plan national de lutte contre le cancer (2015-2019), a mis l'accent, hier, sur l'urgence de spécialiser le pharmacien afin qu'il puisse contribuer efficacement dans la prise en charge des cancéreux. «Le pharmacien doit s'investir de manière agressive dans la stratégie nationale de lutte contre cette maladie haineuse, notamment dans la sensibilisation et la prévention», a indiqué le Pr Zitouni lors de la 24e Journée nationale pharmaceutique tenue à la nouvelle faculté de médecine de Châteauneuf, à Alger. Il a mis en relief la nécessité de former les pharmaciens afin de pouvoir orienter les malades vers des traitements efficaces. Le cancer est une pathologie qui touche de très nombreuses personnes en Algérie. Annuellement, ce sont 40 000 nouveaux cas de cancer, dont 11000 du sein, qui sont répertoriés en Algérie. Cette lourde pathologie, provoquant environ 24 000 décès par an, induit un coût de quelque 2 milliards DA pour sa prise en charge. Pour le Pr Zitouni, le Plan national anticancer ne pourra pas fonctionner que si «chaque acteur remplit sa tâche». A ce sujet, il a évoqué la nécessité de former des pharmaciens oncologues spécialisés dans la prise en charge de cette maladie très répandue. «Les pharmaciens reçoivent une formation généraliste pour prendre en charge les différentes pathologies. Cependant, le cancer nécessite une spécialité à part», a-t-il souligné, avant d'ajouter : «Il faut développer le vrai métier de pharmacien.» Mettant l'accent sur le rôle de cette corporation dans la mise en œuvre de ce plan, il a précisé que «ce sont eux qui sont appelés à accompagner les malades durant toute la durée de leur traitement et à favoriser le bon usage des produits pharmaceutiques incluant des règles de pharmaco-vigilance». L'intervenant s'est par ailleurs félicité de la création de l'Agence nationale de pharmacie, expliquant qu'il s'agit là d'un mécanisme de régulation qui va contribuer à mettre de l'ordre dans ce secteur stratégique. Le professeur est revenu, par ailleurs, sur les grands axes du Plan national anticancer 2015-2019 qui visent la «satisfaction des malades et de leurs familles». Les experts rédacteurs de la stratégie nationale de lutte contre le cancer placent la prévention et le dépistage précoce en tête des priorités. Pour le Pr Zitouni, «la prévention est le seul investissement valable qui permet de réduire le nombre des cancers», et le «dépistage précoce permet de traiter et de guérir la maladie». Au titre des priorités de la lutte contre le cancer, on trouve, également, le traitement, l'accompagnement et l'orientation du malade, le suivi et le financement considéré par l'orateur comme le «nœud gordien» de la lutte contre le cancer. Il a déclaré, dans ce sens, que l'Etat algérien a débloqué la somme de 200 milliards DA pour une période de 5 années, en même temps qu'a été augmenté le nombre des centres anticancer. Il a, à ce propos, mis l'accent sur la nécessité de rationaliser et optimiser les dépenses dans le secteur pharmaceutique car, a-t-il déploré, «il y a eu beaucoup de gaspillage de médicaments ces dernières années».