À l'appel du bureau régional du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) une marche populaire a eu lieu hier à Tizi Ouzou. Ils étaient une vingtaine de milliers, selon les organisateurs, et un peu plus de 2000 selon les services de police, à arpenter les rues de la ville des Genêts afin de dénoncer «l'annulation des projets affectés à la wilaya de Tizi Ouzou», mais aussi pour dire «non à la violence des corps constitués» et «oui à l'officialisation de tamazight» dans la prochaine Constitution. Des mots d'ordre qui sont scandés par les manifestants, dont des élus locaux et d'anciens députés du RCD tout au long de la marche qui s'est ébranlée vers 11h00 du portail de l'Université Mouloud-Mammeri pour prendre fin une heure plus tard devant la deuxième trémie de la rue Abane-Ramdane du centre-ville. Les marcheurs qui ont arpenté le traditionnel itinéraire, à savoir la route de l'Université en passant par le boulevard Lamali-Ahmed ont tenu également à reprendre en chœur les mots d'ordre chers au RCD contre le pouvoir. Tout au long de la manifestation qui s'est déroulée dans une organisation parfaite, les marcheurs chauffés à blanc par des organisateurs en mégaphones avançaient au rythme des cris hostiles au pouvoir. «Système dégage», «Non au régionalisme», «Non à Oujda, non au DRS», «126 assassinats et pas un coupable», «Libérez Nacereddine Hadjadj et ses codétenus». La marche qui a été décidée par le bureau régional du RCD afin de dénoncer «l'annulation des projets structurants de la wilaya de Tizi Ouzou» comme ne cesse de le réitérer le parti, était une occasion pour les responsables du RCD de revenir sur l'actualité du pays sur le plan politique, sécuritaire et économique. «Nous avons appelé à cette marche pour dénoncer l'annulation de projets affectés à notre wilaya. Nous exigeons la réalisation de tous les projets inscrits, à savoir le nouveau CHU de Tizi Ouzou, le barrage de Sidi Khelifa et tous les autres projets inscrits à l'indicatif de notre wilaya», déclare le responsable du bureau régional du RCD lors de sa prise de parole à l'issue de la marche. «Le pouvoir a dépensé 800 milliards de dollars et notre wilaya n'a rien obtenu. Aujourd'hui que la crise s'installe, le pouvoir nous demande de partager la misère», ajoute-t-il, non sans dénoncer ce qu'il qualifie de violence des corps constitués dans la région. Pour lui, «le nombre de citoyens tués par les corps constitués à Tizi Ouzou ces 10 dernières années dépasse ceux tués par les terroristes». Lui succédant au micro, l'actuel sénateur du RCD, Mohand Ikherbane, tout en remerciant les «marcheurs qui ont répondu en masse à l'appel du RCD», a qualifié cette manifestation d'un deuxième Printemps berbère. «Nous avons eu notre printemps en avril 80 et aujourd'hui nous venons de rééditer ce même printemps en plein automne», ironise-t-il, et d'ajouter à l'adresse des manifestants : «Si nous avons appelé à cette marche, c'est pour dénoncer l'annulation des projets affectés à notre wilaya, mais aussi à travers l'ensemble du pays, car au RCD, les revendications sont nationales, car partout sur le territoire national, le citoyen vit la même situation», ajoute-t-il. Pour sa part, l'ancienne député du RCD, Lila Hadj Arab, tout en réitérant les mots d'ordre de la marche, a tenu surtout à insister sur la revendication principale de son parti, à savoir faire de tamazight une «langue officielle» dans la prochaine Constitution.