Le Conseil des ministres tenu hier a confirmé l'option du recadrage de l'économie nationale au vu de la crise induite par la chute des prix du pétrole. Basée sur une projection prudente des revenus des exportations, le projet de loi de finances 2016 introduit de nouvelles mesures à même de rationaliser les dépenses de l'Etat et relancer la croissance, notamment à travers les investissements. Le président Bouteflika, qui présidait ce conseil, a insisté dans son intervention sur la nécessité de poursuivre le soutien de l'Etat aux investissements créateurs d'emploi et de richesses. Sur ce, le chef de l'Etat a lancé un appel aux investisseurs nationaux, les invitant à s'impliquer davantage dans le processus de construction de l'économie nationale. De son côté, l'Etat poursuivra son soutien, affirme le Président qui estime qu'un tel engagement est une»option stratégique de l'Etat», mais dont le maintien «exige un retour en production de biens et de services» pour réduire les importations et procurer de nouvelles recettes d'exportations et de création d'emplois. «Il reste au monde du travail et au patronat national, public et privé, à se donner la main pour une stabilité sociale indispensable pour une mise en valeur des potentialités nationales importantes dans tous les domaines et pour faire franchir à l'économie nationale des étapes supplémentaires en matière de productivité et de compétitivité», dira encore le chef de l'Etat qui a émis le souhait que la prochaine tripartite, qui se tiendra la semaine prochaine à Biskra, soit «l'occasion d'un sursaut à la hauteur de la conjoncture et des enjeux nationaux». Cette démarche qui se veut salvatrice pour une économie jusque-là presque entièrement dépendante des recettes des hydrocarbures, trouve son aboutissement dans le projet de loi de finances pour 2016. Ce texte «qui reste basé sur une projection prudente des revenus des exportations vise néanmoins une croissance de 4,6% orientée vers un surcroît de création de richesses et d'emplois», note le communiqué du Conseil des ministres. La politique sociale va se poursuivre En effet, ce projet table sur une croissance de 4,6%, une inflation contenue à 4%, des recettes budgétaires de 4952,7 milliards (mds) DA (en baisse de 4% par rapport à 2015), des dépenses budgétaires qui diminueront de 9%, un solde global du Trésor qui affichera un déficit de 2452 mds DA, alors que le Fonds de régulation des recettes (FRR) conservera 1797 mds de DA de réserves à fin 2016. Toutefois, et en dépit de ce recul prévisible des recettes, il est indiqué que les transferts sociaux connaîtront une hausse de 7,5% pour atteindre 23% du budget de l'Etat avec notamment 477 mds DA pour le soutien de l'habitat, 446 mds DA pour le soutien aux familles dont 222 mds DA pour les subventions des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huile), et 316,5 mds DA pour le soutien à la santé publique. Outre ces différents soutiens budgétisés, les citoyens et les entreprises continueront de bénéficier de plusieurs subventions indirectes dont le coût total s'élèvera à 1500 mds DA. Il s'agit de 630 mds DA de différentiel entre les prix réels des carburants, y compris les quantités importées et le prix de leur cession, et de plus de 750 mds DA de différentiel entre le prix réel du gaz naturel et son prix de consommation, ainsi que de 154 mds DA de subventions d'équilibre à la société Sonelgaz, détaille le communiqué. Seules donc quelques revalorisations de taxes notamment sur les carburants, la téléphonie mobile et les produits de luxe importés sont introduites. C'est dire que la politique sociale du gouvernement va se poursuivre, ce qui dénote d'un recadrage de stratégie qui se veut un moyen de faire rebondir la croissance du pays sans toucher aux fondamentaux de notre économie.