La musique est le seul art à être à la fois totalement abstrait et puissamment chargé d'émotion, selon Alfonso Padilla Lopez qu'on a rencontré dimanche à l'institut Cervantes d'Alger. De la musique émanent des outils, des éléments qui servent à exprimer le pouvoir sans pareil des états ou des sentiments intérieurs. Les instruments de musique sont entre autres la clé qui sert à extérioriser toutes ces émotions. Créé par Adolphe Sax vers 1840, en Belgique, le saxophone est un instrument à vent, à anche simple, de perce conique et de construction métallique, de la famille des bois. C'est en effet l'instrument qu'a choisi Alfonso Padilla Lopez pour former son Quintet de saxophones. Alfonso est un musicien brillant, instinctif et électrique. A l'âge de huit ans, ce petit prodige en herbe tombe par hasard sur un vieux saxophone. Un vieil instrument renfermé dans une vieille boite, il était le seul parmi les élèves de sa classe à s'y être intéressé. Depuis, Alfonso cumule dix-sept années d'expérience et ne se fatigue pas à s'éclater sur son saxophone. Ce professeur du Conservatoire supérieur de musique de Séville en Espagne, connu dans son domaine, a eu la brillante idée de fonder un groupe, un quintet (ensemble de cinq instrumentistes), formé de ses propres élèves du conservatoire. Des élèves en fin de cycle, considérés comme des professionnels en Espagne. Francisco Russillo (Saxophone, Soprano Alto), Javier Camara (S. Alto), Sergio Calle (S. Tenor), Antonio Sagrado (S. Baryton) et le directeur, Alfonso Padilla Lopez (Soprano). Cette formation jeune et fraîche n'est pas fixe. «Les membres de ce groupe n'étant pas permanents, vu que des étudiants partent et d'autres viennent à leur place. J'essaye aussi de forger ma relation avec mes élèves, de les découvrir plus et de creuser en eux à travers cette formation. On essaye de donner la chance à tout le monde, de découvrir, de partager notre passion et surtout de communiquer avec les musiques du monde à travers nos tournées à l'étranger, musiques d'Orient. Musiques d'Occident. Musiques d'Afrique. Ou d'autres encore. Le langage de la musique est universel et on l'acquiert de façon tout aussi spontanée que l'on apprend à parler, car un auditeur non musicien est un expert de la perception musicale...» nous dira Alfonso, rencontré à l'Institut Cervantès d'Alger. Au sujet du répertoire musical du groupe, Alfonso nous dira qu'ils jouent beaucoup de musique de chambre. «Entre musique classique, musique populaire, du jazz, du tango, les vals classiques, du funky, on essaye d'explorer tous les styles, et de s'ouvrir à toutes les influences autant modernes que contemporaines et de là, on a touché un public vaste et diversifié…» On l'a compris, le style du Quintet de Séville se déploie en un patchwork de couleurs et de culture pétillante. Leur influence grecque, méditerranéenne, européenne ou universelle fait d'eux une formation propice à un bel avenir. Leur mélodie inspirant gaieté, mélancolie, rapport à la terre, joie, amour et romance. Usant de théories obéissant aux règles de l'écriture contrapuntique (superposition de mélodies soutenant celle principale), d'un accompagnement en tierce ou du contre-chant, le quintet exploite de manière optimale les possibilités qu'offre la ligne mélodique de chaque titre exécuté. Pedro Iturralde, musicien et compositeur espagnol, est le leader du saxophone en Espagne, surtout qu'il l'utilise pour jouer du flamenco, un genre très difficile à interpréter avec un saxophone. «Pedro Iturralde est une grande référence pour nous. C'est une source d'inspiration inépuisable. On essaye de suivre ses pas pour développer notre jeu de saxophone sur le flamenco», fait savoir Alfonso. Sur la route de Petro Iturralde Questionné sur le fait de ne pas composer leur propre musique, Alfonso nous dira que son groupe interprète mais ne compose pas. «C'est une question de spécialisation. Mes élèves traduisent la composition de tel ou tel artiste mais ne la font pas, car ce sont des élèves qui étudient la musique et non la composition, ce sont deux domaines différents et on ne peut pas s'aventurer sur un terrain qu'on ne maîtrise pas. C'est comme un architecte qui réalise les plans d'un édifice, son travail s'arrête là. Puis viennent l'ingénieur et les ouvriers qui traduisent ses plans abstraits en une forme visible et concrète…», nous explique Alfonso. En plus de son quintet, le musicien se promène et chemine une longue route aussi avec son quatuor «Ziryab», à travers des tournées et des représentations partout dans le monde et surtout à l'Est des Etats-Unis d'Amérique. Brillant de virtuosité avec un jeu précis et une technique des plus appréciées, le Quintet de Séville a joué pour la deuxième fois à Alger à l'auditorium de la Radio algérienne Aïssa-Messaoudi au grand bonheur du public venu en masse assister au concert. La première prestation étant en février 2015 au Musée public national d'art moderne et contemporain d'Alger (Mama).