Lakhdar Rekhroukh, président de l'Unep «Nous sommes rassurés par le maintien des investissements publics» Le président de l'Unep, Lakhdar Rekhroukh, a plaidé lors de la 18e tripartite pour la révision du code du travail et de la nécessité de prévoir des souplesses en termes de volume horaire dans certaines filières. «Il faudra que ça soit souple, notamment dans les filières du BTPH et de l'agriculture, car le problème de chômage ne se pose plus», a-t-il souhaité. Rekhroukh a dit avoir évoqué le secteur marchand public pour lequel il a proposé son organisation à travers la création d'une structure à même de gérer l'ensemble des capitaux marchands de l'Etat. Il saisira l'occasion pour saluer les décisions prises par le gouvernement à propos de la dépénalisation de l'acte de gestion. Car «pendant plusieurs décennies, les gestionnaires pensaient, à chaque décision, comment répondre au juge au lieu de réfléchir à la décision à prendre comme acte économique», a-t-il souligné. Mais, suggère-t-il, «il faudra accompagner les gestionnaires sur le terrain afin qu'ils puissent avoir les réflexes et les réactions économiques». Parallèlement, le président de l'Unep dira avoir fait des propositions pour diminuer certaines charges en termes d'investissement public. En ce sens que les entreprises publiques commerciales comme les entreprises portuaires doivent s'orienter vers le système Build-operate-transfer (BOT). Tout en saluant la décision du gouvernement de maintenir les niveaux des investissements publics, il s'est dit rassuré quant à l'avenir des entreprises, car leur plan de charge sera maintenu, du moins à moyen terme», a-t-il précisé. Slim Athmani, président du Care : «Nous réclamons le fameux projet du code de travail» Le président du Club algérien de réflexion sur l'économie (Care), Slim Athmani, estime que le gouvernement a placé l'entreprise au cœur de l'économie algérienne. «Ça a été affirmé avec force par le Premier ministre», a-t-il indiqué, tout en mettant en avant la convergence des positions entre le gouvernement, l'UGTA et le patronat. «Même si nous sommes très critiques, nous considérons au Care que les ingrédients d'une possible relance économique sont réunis, malgré la persistance des difficultés.» Cependant, «il existe un problème de cohérence dans ce que nous voulons faire, mais nous pouvons trouver des solutions», a-t-il ajouté. Ce qui le désole, «c'est le fait que nous ne sommes pas encore dans l'urgence, notamment dans les domaines de la formation et de l'inscription de l'Algérie dans les chaînes de valeurs mondiales». Il avoue, néanmoins, qu'il y a «un signal fort en termes d'évolution des mentalités». Athmani a plaidé pour «un leadership beaucoup plus fort autour de la nouvelle vision qui n'est pas encore suffisamment définie», notamment pour déterminer les branches où l'Algérie possède de réelles potentialités. D'autres questions restent en suspens, selon Athmani. A ce propos, il réclame «des réformes plus courageuses, notamment dans le secteur bancaire». Il reproche à l'UGTA le fait que le projet du code de travail n'est pas encore adopté. «Depuis la 16e tripartite, nous réclamons le fameux projet du code de travail, sur lequel nous aimerions exprimer un point de vue», relève le président du Care. Ali Haddad, président du FCE : «Le gouvernement est déterminé à encourager toutes les industries» «Cette 18e tripartite a été imprégnée d'un caractère spécial, car elle a été tenue dans une conjoncture marquée par le recul des prix du pétrole», a souligné le président du FCE, Ali Haddad. Il pense que la baisse des cours du baril incitera les pouvoirs publics à s'inscrire durablement dans une économie hors hydrocarbures. «Le gouvernement est déterminé à encourager toutes les industries hors hydrocarbures», s'est-il réjoui. Et de relever que lors de cette réunion, beaucoup d'orientations ont été données par le Premier ministre aux membres de son gouvernement afin de libérer davantage les initiatives. Sollicité pour réagir à la décision du gouvernement de maintenir les budgets alloués aux projets d'infrastructures et des montants alloués au secteur du BTPH à travers la mobilisation entre 2000 et 2500 milliards DA par an, le président du FCE a indiqué que les pouvoirs publics ont décidé d'attribuer aux entreprises algériennes plus de marchés à l'avenir. «Nous sommes confiants, car ceci permettra de sauvegarder les entreprises, malgré la crise financière». Abdelouahab Ziani, vice-président de la Cipa : «La baisse de la valeur du dinar est inquiétante» Abdelouahab Ziani, vice-président de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (Cipa) a confié que la 18e tripartite a éludé un grand nombre de questions importantes pour le patronat. A cet effet, il s'attend à un débat plus développé lors de la réunion restreinte qui se tiendra entre le gouvernement, le patronat et l'UGTA dans une ou deux semaines. A propos de l'évaluation de la tripartite de mercredi, il dit apprécier la déclaration du Premier ministre lorsqu'il a parlé de la volonté du gouvernement d'encourager la création de nombreuses entreprises, tout en œuvrant à faire baisser le taux de leur mortalité. «Nous aurions aimé parler justement des conséquences de la fermeture des entreprises», s'est-il plaint, déterminé à aborder cette question lors de la prochaine tripartite restreinte. Ziani a relevé que chaque organisation patronale a donné son compte rendu, mais sans avoir la possibilité de s'expliquer pleinement. Ceci dit, «ce qui est important, c'est l'application du nouveau code des investissements», a-t-il insisté, tout en appréciant les modifications apportées au code des marchés publics qui favorise désormais l'entreprise algérienne. «Il faut consommer national et réduire la facture des importations», a-t-il suggéré. Ziani a salué aussi la position du gouvernement pour encourager l'investissement au sud du pays. L'entreprise est, certes, rassurée en raison des différentes mesures prises, mais la baisse de la valeur du dinar est inquiétante. «Les matières premières ont augmenté d'au moins 20%, nous nous demandons quand est-ce que ce recul va s'arrêter», s'est-il inquiété, car les entreprises continuent d'investir. «Comme la valeur du dinar n'est pas fixe, ça nous fait peur», s'est-il alarmé, surtout que le risque de glissement de la valeur du dinar peut se poursuivre dans les prochains mois. Les entreprises supportent la dévaluation de la monnaie nationale et continuent à ce jour de «traîner les casseroles des précédentes dévaluations». «L'Etat prend la décision de dévaluer la monnaie, mais ce sont les entreprises qui supportent les conséquences», s'est-il révolté. Par effet d'entraînement, ce sont les citoyens qui supportent les conséquences en subissant les hausses des prix des différents produits. Même si le gouvernement a développé un discours à travers lequel il met l'accent sur la non- discrimination entre l'entreprise publique et privée, les entreprises publiques bénéficient de l'effacement de leurs dettes, contrairement aux entités privées. «Nous avons toujours des dettes bancaires que nous traînons depuis des années», a-t-il regretté. Propos recueillis par notre envoyée spéciale à Biskra Karima Sebai