Rien ne va plus en Libye. Au moment où les membres des deux parlements rivaux doivent étudier séparément les nouvelles propositions de l'ONU, sur le terrain, de nouvelles violences éclatent. Au lendemain de la réunion tripartite Algérie-Italie-Egypte, exhortant les différentes factions en conflit à former un gouvernement d'union nationale, «capable d'assurer la transition et qui soit le représentant légitime devant la communauté internationale et les partenaires de la Libye aux niveaux régional et international», la réalité du terrain montre une nouvelle fois la difficulté pour les parties libyennes de s'entendre pour sortir le pays du chaos. En effet, la capitale libyenne, Tripoli, a été le théâtre, dans la nuit de lundi à mardi, pendant plusieurs heures, de violents affrontements entre des factions armées du Congrès national général, non loin du siège du gouvernement, dans le but de libérer le ministre de la Planification du gouvernement de salut national, kidnappé par la brigade des Révolutionnaires de Tripoli. Un ministre enlevé «Des armes lourdes et moyennes ont été utilisées, dans les affrontements qui se sont poursuivis des heures durant, entre les Révolutionnaires de Tripoli et une faction de la ville de Zliten à laquelle appartient le ministre, dans une tentative de le libérer», ont indiqué des médias turcs. Communiquant sur les réseaux sociaux, la brigade des «Révolutionnaires de Tripoli» avait annoncé lundi l'enlèvement de Mohamed al-Qadar, ministre de la Planification du gouvernement de salut national, relevant du Congrès, lui reprochant d'avoir «utilisé son nom pour terroriser les fonctionnaires, et de disposer comme bon lui semble du budget de son département». Dans ce climat sécuritaire des plus incertains, et où les camps d'entraînement pour terroristes pullulent, les Nations unies ont annoncé avoir rencontré les deux parlements rivaux, auxquels elle a soumis une nouvelle liste du conseil présidentiel, composé de neuf membres, au lieu de six, de cinq vice-Premiers ministres et de trois autres ministres. Ces propositions devaient être discutées séparément aujourd'hui par les deux administrations libyennes. Dans ce sens, la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) a invité ces jours-ci les parties rivales à redoubler d'efforts pour parvenir à un accord politique et former un gouvernement d'unité nationale. L'échec de Leon Après avoir mené durant plus d'un an les négociations de paix entre les deux parlements libyens rivaux, l'échec de l'émissaire spécial de l'ONU en Libye, Bernardino Leon, a été constaté. Les deux parlements libyens rivaux, l'un basé à Tripoli et soutenu par les miliciens islamistes, et celui élu à Tobrouk, ont rejeté la proposition de l'ONU. Ces derniers ont estimé que le plan de paix proposé n'est pas réaliste. Très critique, la commission politique du Congrès général national (CGN) se dit «étonnée» que Léon reste malgré son «échec». La commission a estimé hier que son maintien à ce poste, «malgré la fin de son mandat, mènera à l'effondrement de tout le processus». D'ailleurs, la commission politique du CGN ne comprend pas l'annonce faite par Ban Ki-moon de la nomination d'un autre diplomate allemand, en la personne de Martin Kobler, pour succéder à Bernardino Leon et son maintien au commandement de la Manul, sans préciser son nouveau rôle. Gageons que la nouvelle proposition de l'ONU fasse l'unanimité au sein des deux parlements libyens rivaux, afin que près de quatre ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi la Libye sorte du chaos dans lequel elle est plongée