Le processus d'indépendance de la Catalogne suit son cours. Le Parlement catalan a en effet adopté hier une résolution qui lance le processus visant à créer une République de Catalogne indépendante de l'Espagne en 2017. Soixante-douze députés catalans sur 135 ont adopté le texte qui «déclare solennellement le début du processus de création de l'Etat catalan indépendant». Cette déclaration de sécession est la première d'une série d'étapes vers l'indépendance que les séparatistes catalans veulent obtenir d'ici 18 mois. Les indépendantistes catalans disposent de la majorité absolue au nouveau Parlement régional depuis les élections du 27 septembre. La résolution, proposée à la fin d'octobre, a été rédigée conjointement par l'ample coalition indépendantiste Junts Pel Si («ensemble pour le oui») et le petit parti anticapitaliste, europhobe et séparatiste CUP. Elle définit les objectifs et les outils pour mettre en marche au plus vite la «déconnexion» de la Catalogne du reste de l'Espagne. Le texte invite la Chambre à commencer «l'adoption des lois du processus constituant, de sécurité sociale et de Trésor public», afin de transférer ces compétences à la région. Raul Romeva, membre du Junts Pel Si, a lancé après le vote : «La société catalane est maintenant face au concept qui voit la politique comme un autre moyen de faire la guerre. Nous avons une occasion en or de concevoir et de bâtir un Etat moderne ancré dans le XXIe siècle, exemplaire et à même d'en finir avec les errements et la corruption». Le gouvernement convoque un conseil des ministres extraordinaire Les autorités espagnoles n'ont pas tardé à réagir face à cette «décision». Le Premier ministre Mariano Rajoy, qui a convoqué un conseil des ministres extraordinaire pour demain, a annoncé son intention de présenter un recours en urgence devant la Cour constitutionnelle pour invalider cette décision. «Je solliciterai la suspension immédiate de cette initiative et de tous ses effets», a-t-il affirmé. La résolution indépendantiste précise que «le Parlement et le processus de déconnexion démocratique ne dépendront pas des décisions des institutions de l'Etat espagnol, en particulier du Tribunal constitutionnel», considéré comme «illégitime». Prônant l'insoumission, elle «exhorte le futur gouvernement catalan à respecter exclusivement les normes et mandats émanant de cette chambre, légitime et démocratique, afin de protéger les droits fondamentaux qui pourraient être affectés par les décisions des institutions de l'Etat espagnol». «Je comprends que beaucoup d'Espagnols en aient assez de ces tentatives incessantes de discréditer nos institutions», a répondu Rajoy, alors que le cas de la Catalogne est devenu un des sujets principaux de la campagne pour les élections législatives nationales du 20 décembre. Pour rappel, l'élection régionale qui s'est tenue le 27 septembre en Catalogne, présentée comme un plébiscite en faveur de l'indépendance par le gouvernement régional s'est soldée par une ample victoire des indépendantistes. La liste «Junts Pel Si», qui regroupe indépendantistes de gauche et nationalistes de droite, a remporté le scrutin avec 62 députés, un résultat à la hauteur de ses espoirs. Si l'on y ajoute les 10 députés de la CUP, un parti séparatiste anticapitaliste et europhobe, les indépendantistes obtiennent la majorité absolue en nombre de sièges (72), mais pas en vote (47,8 %).