Les responsables locaux de la wilaya ont supervisé, dans la journée de mardi, l'opération de relogement de 560 familles habitant le bidonville Chaklaoua, près du cimetière américain. Ces familles ont été transférées à Oued Tlelat, ce qui a provoqué un début d'émeute des habitants de cette localité qui ont refusé de recevoir «ces nouveaux débarqués». Pour dire le déploiement d'efforts que pareille opération nécessite, un imposant dispositif sécuritaire et une flotte d'engins ont été réquisitionnés pour transporter les effets de ces familles. Mais ce qu'il faut rappeler c'est que le bidonville du douar Chaklaoua, datant de l'époque coloniale, a été totalement rasé en 2006 et ses habitants, plusieurs centaines de familles, ont été relogés dans plusieurs quartiers de la ville. En moins de dix ans, un autre bidonville est né, dont les habitants, selon certaines sources, sont pour la plupart originaires de Tiaret et de Mascara. Que faisaient les autorités locales quand ces nouveaux venus érigeaient des baraques à l'aide de tôles et de parpaings et squattaient les câbles des poteaux électriques de l'éclairage public pour s'alimenter en électricité ? Les habitants de ce bidonville détiennent la réponse à cette question. Un responsable local, exerçant actuellement dans un autre secteur urbain, est derrière la naissance et la prolifération de ce bidonville. En échange d'argent, il avait délivré un document qui n'a aucune valeur juridique leur servant de sorte de permis de construire. D'ailleurs ce bidonville porte son nom auprès de ses pairs. Son cas n'est pas isolé. Selon des indiscrétions, derrière chaque bidonville érigé au niveau du Grand Oran, il y a un responsable local ou un élément d'un corps de sécurité. Dans une autre commune, un immense bidonville porte le nom d'un élu local qui a accompli plusieurs mandats au niveau de l'APC et qui se trouve actuellement sénateur d'un parti se réclamant de l'opposition. On peut multiplier les exemples en se dirigeant vers l'ouest de la ville, où les bidonvilles portent le nom des lieux d'origine de leurs occupants. Mais jusqu'à quand cette situation se prolongera-t-elle ? Déjà une sorte de xénophobie et de sentiment de régionalisme se propagent à cause des politiques sociales engagées par les pouvoirs publics consistant à éradiquer les bidonvilles et à offrir un habitat convenable aux démunis. On répète çà et là que «l'accession à un logement passe par l'établissement de bidonville» et que se sont les «barranis» (les gens venant d'ailleurs) qui profitent des politiques de l'Etat au détriment des «ouled el blad». Malheureusement, les efforts consentis par les pouvoirs publics sont sapés par les agents de l'Etat, censés être au service des objectifs qu'il se fixe. Le business dans le malheur des démunis, pareil en tout point à la traite des blancs mais plus juteux, doit impérativement cesser, répète-t-on partout. Il y va de la crédibilité de la wilaya et ce qu'elle représente… De notre correspondant