Le Premier ministre a reconnu que la situation économique du pays est «dure» et «les contraintes sont réelles avec des perspectives d'évolution incertaines». Toutefois, admet-il, l'Algérie «encaisse mieux que beaucoup de pays ce choc pétrolier». Abdelmalek Sellal qui a parlé de «brutalité du choc qu'a subie l'économie algérienne», s'est montré optimiste quant aux capacités de l'Algérie de surpasser cette conjoncture baissière des recettes des hydrocarbures. «Malgré cela, on tient bon», a fait savoir Sellal dans l'entretien qu'il a accordé hier à l'APS. «Les décisions courageuses et visionnaires du chef de l'Etat font que le gouvernement est, aujourd'hui, en mesure d'affronter cette conjoncture sans être soumis à la contrainte de l'endettement et en disposant d'une marge de manœuvre financière. Ainsi, et malgré des baisses importantes, les niveaux des réserves de change et des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) demeurent corrects», a-t-il plaidé. Ce dernier, qui rappelle la nouvelle approche prônée pour faire face au tarissement des recettes budgétaire du pays, estime que «cette situation ne doit en aucun cas justifier le statu quo ou l'attentisme qui nous serait fatal». «On doit bouger maintenant et ensemble pour opérer la mue de notre économie vers la création de richesses et d'emplois, car même si les prix des matières premières reviennent à des niveaux élevés dans le futur, il ne suffira pas à couvrir le développement socio-économique futur de notre pays», a-t-il précisé. Parmi les pistes choisies par le gouvernement, depuis notamment l'avènement de la chute des prix de l'or noir, figurent la rationalisation des dépenses et la maîtrise du commerce extérieur qui commencent à porter leurs fruits. Là, Abdelmalek Sellal évoque que par rapport à la même période de 2014, une baisse de 11,3% des importations a été enregistré ainsi qu'une réduction des dépenses publiques de 5% en 2015. Petites consolations : les ressources ordinaires du budget progressaient de 9,3% et les crédits à l'économie ont continué de progresser (+22,7%), sans oublier des niveaux de liquidité appréciables qui ont été maintenus au niveau des banques avec plus de 730 milliards DA. «Entre 2014 et 2015, la croissance du PIB a été pratiquement identique pour se situer à 3,8%. L'objectif fixé dans le projet de loi de finances pour 2016 étant de 4,6%», a ajouté plus loin le Premier ministre. «C'est difficile, mais on se mobilise tous pour atteindre cette performance», a-t-il souhaité. Et la performance passe inéluctablement, aux dires de Sellal, par le changement de l'approche ou de vision économique du pays sans pour autant toucher au caractère social de la politique mise en œuvre. «Depuis son indépendance, l'Algérie a bâti un modèle politique et social auquel elle tient et ne veut, sous aucun prétexte, y renoncer. Les Algériens veulent que leur Etat demeure souverain dans ses décisions et solidaire des plus faibles d'entre eux. Nous refusons de revenir aux années de pénuries ou d'interrompre les projets de développement socio-économique en cours de réalisation à travers le pays», a-t-il noté. «Je tiens à préciser, à ce titre, et afin d'éviter toute polémique ou surenchère, que les réajustements tarifaires prévus pour les produits énergétiques ne toucheront en aucun cas les petits consommateurs ou les habitants des régions du Sud. Les efforts d'économies les plus importants seront opérés au niveau des dépenses de fonctionnement et dans la rationalisation de l'exécution du budget de l'Etat», a-t-il tranché. Evoquant, par ailleurs, les différents agrégats économiques du pays, le Premier ministre a signalé qu'en l'espace des 8 premiers mois de l'année en cours (janvier - août), le prix du baril de pétrole a baissé de 48% par rapport à 2014. Conséquence : les revenus tirés de l'exportation des hydrocarbures ont enregistré une contraction du même ordre (-44%), selon Abdelmalek Sellal. L'Etat devra assurer les missions de régulation Afin de maintenir le niveau de vie des Algériens et leur pouvoir d'achat, et ce, dans un contexte d'amenuisement des ressources extérieures, le gouvernement a opté, entre autres, pour la ré-industrialisation tous azimuts de l'économie nationale. Pour ce faire, explique le Premier ministre, «les investissements productifs devront être, dans le futur, réalisés par les opérateurs économiques et non pas par l'Etat qui devra assurer les missions de régulation et de solidarité avec les couches les plus défavorisées de la population».