La Tunisie renoue avec le terrorisme. Moins de deux semaines après les horribles attentats ayant ébranlé Paris, un bus de la sécurité présidentielle tunisienne a explosé hier dans la capitale Tunis. Le bilan provisoire s'élevait, à l'heure où nous mettions sous presse, à 15 morts selon la télévision publique. L'explosion est survenue, hier en fin d'après-midi, sur l'avenue Mohamed V, l'une des plus importantes artères de la capitale tunisienne. La déflagration a détruit un bus de la sécurité présidentielle et tué plusieurs de ses occupants. Le ministre de l'Intérieur tunisien a déclaré que «des morts» étaient à déplorer dans l'explosion sans avancer leur nombre. Le véhicule qui était stationné devant l'ancien siège du parti Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti de l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, a été entièrement calciné. La chaîne de télévision publique a annoncé que quinze personnes sont décédées dans cet attentat pas encore revendiqué. Le porte-parole du ministère tunisien de l'Intérieur a évoqué, quant à lui, «au moins 11 morts». Cette attaque terroriste intervient deux jours après la revendication par Daech de la décapitation de Mabrouk al-Soltani, un berger de 16 ans. Ce crime abjecte a été perpétré par la sinistre organisation dénommée «Djound El Khilafa», ayant fait allégeance à Daech en mars dernier. Elle avait notamment revendiqué les attentats terroristes de Sousse et du musée du Bardo ayant fait des dizaines de morts, en majorité des touristes étrangers. La Tunisie, qui compte au moins 3000 extrémistes dans les rangs de Daech et de «Djabhat El Nosra», filière syrienne d'Al Qaïda, a déjà été le théâtre de plusieurs attentats criminels dans lesquels des militaires, des civils et des opposants, dont Choukri Belaïd et Mohamed Brahmi ont été tués. Le dernier rapport, «Foreign fighters in Syria» (guerriers étrangers en Syrie), publié il y a quelques mois par Soufran Group, un centre américain de recherche stratégique, a estimé à 3000 le nombre d'extrémistes tunisiens qui se sont enrôlés dans les rangs de Daech et Al Qaïda en Syrie et en Irak. Toujours selon ce centre américain, la Tunisie, l'Arabie saoudite et le Maroc comptent le plus grand nombre de terroristes parmi Daech et Al Qaïda, constituant le premier contingent étranger de ces organisations terroristes. 2500 Saoudiens, 1500 Marocains, 800 Russes et 700 Français comptent parmi les effectifs de Daech et d'Al Qaïda, selon le think tank américain spécialisé dans la recherche stratégique. La Tunisie, à l'instar de la France, de la Belgique et d'autres pays, craignent le retour de ces jihadistes partis combattre aux Proche et Moyen-Orient. La menace d'attentats terroristes est omniprésente en Europe surtout depuis le carnage commis à Paris qui a ébranlé le monde entier.