Au moment où les premières neiges commencent à couvrir les monts surplombant les Aït Zikki, les habitants de cette contrée, habitués à la rudesse de la nature pendant la saison hivernale, s'affairent à leurs habitudes quotidiennes faites d'agriculture de montagne et d'élevage. Ils scrutent l'horizon en attendant des jours meilleurs pour affronter plus facilement l'hiver, notamment avec les espoirs que suscite le projet de raccordement de leurs foyers au gaz naturel, prévu pour la fin de l'année 2016. Cette commune, située à l'extrême sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou, est constituée de huit villages juchés sur haute altitude. C'est ainsi qu'à travers une route sinueuse, on peut arriver à Iguer Mahdi faisant place de chef-lieu de la commune. S'élevant à 1200 mètres, cette bourgade offre une vue imprenable donnant sur un grand pâté de maisons s'élevant vers les hauteurs sur un terrain accidenté descendant en pente raide vers un oued épuré par les efforts de l'APC et qui sert de source pour la région. Le président de l'APC des Aït Zikki, Moussaoui Boualem, que nous avons rencontré dans son bureau aménagé dans la vétuste bâtisse qui fait office de siège de l'APC, s'étalera sur le dilemme saisonnier que vivent les Aït Zikki. Il expliquera que si les pénuries d'eau ne se font pas ressentir dans la commune, même en période estivale, pendant les hivers, «on fait face à des conditions extrêmes, à l'exemple de la tempête de neige de 2012 qui s'est abattue sur la région. Néanmoins, nous nous organisons autant qu'il faut pour débloquer toutes les issues menant à la commune, et aller même au-delà de nos frontières pour porter aide à d'autres communes voisines, comme Tizi Ichellaten, par exemple. Sur ce plan, nous sommes équipés d'un chasse-neige, d'un chargeur et d'un rétro-chargeur alors qu'un projet de dotation d'un tracteur 4/4 est retenu». Par ailleurs, notre interlocuteur ne niera pas que sa commune «a atteint un stade de développement acceptable par rapport au passé». Comme il ne manquera pas de souligner que la collectivité est en train de réaliser en urgence un projet d'assainissement dont bénéficieront cinq villages, ainsi que trois bassins de décantation à l'eau propre, la relance de l'agriculture avec la poursuite de la dépollution de l'oued, pour ne pas voir la région aller de plus en plus dans la dégradation de son écosystème. A priori, la construction d'un nouveau siège d'APC est prévue dans un autre projet dont l'étude est achevée, englobant la somme de 4,7 millions DA. La Coordination des comités de villages «qui sont investis par des jeunes», s'est opposée en premier lieu freinant comme pour la plupart des occasions beaucoup d'initiatives pour le bien de la collectivité. Eau, gaz et santé, des espoirs et des attentes Sur le plan santé, la commune est dotée de deux dispensaires où activent deux médecins, trois infirmiers et un dentiste en intermittence. Ce qui est loin de répondre aux besoins des 3800 âmes que compte la commune des Aït Zikki. C'est ainsi qu'un projet de création d'une mini-polyclinique est envisagé. Parlant du projet de gaz naturel dont Aït Zikki est l'une des trois communes de la wilaya où cette énergie n'est pas encore parvenue, M. Moussaoui nous informera que les travaux ont débuté depuis une année et demi et que l'acheminement de la haute pression à partir d'Illoula, où il a déjà été réalisé 9,27 km, se fait en parallèle avec les travaux de la basse pression, où deux villages ont déjà été branchés. Le projet, il faut le dire, a accusé des retards en raison «d'oppositions non fondées», selon le P/APC. Sa réception est attendue pour la fin de l'année 2016. Restant toujours dans le cadre des projets de sa commune, le P/APC d'Aït Zikki s'étalera surtout sur deux grandes entreprises dont il aurait aimé doter son territoire, et qui sont le pôle de développement au niveau du cratère Tanemrit, situé à 1 400 mètres d'altitude, en réalisant une retenue collinaire qui peut atteindre 0,5 million m3. Un projet lancé lors de son premier mandat en 2006, mais que son successeur «a mis aux oubliettes». En deuxième lieu, exploiter le plateau d'Aswel en l'élargissant pour construire un stade, un centre équestre et une auberge. «Ce projet n'a pas vu le jour, des villageois qui l'utilisent pour leurs pâturages s'y sont opposés», a-t-il indiqué. Pourtant, le ministre de la Jeunesse et des Sports de l'époque, soit en 2006, était favorable au projet. «J'ai peur de me réengager !», s'exclamera notre interlocuteur. En évoquant le secteur des sports, le P/APC d'Aït Zikki n'a pas omis de mentionner que sa commune, qui a tissé des relations avec la commune de Nice, en France, vise avec celle-ci à organiser des compétitions de parapente, alors que la construction d'une première montgolfière à l'échelle nationale est prévue, ici, au mois de mars prochain. «Notre objectif est de créer un sport de montagne avec à la clé une école de formation», précisera M. Moussaoui. La mémoire collective reste de mise Revenant sur les évènements qui ont entouré la dernière visite du wali dans la commune, qui avait trouvé l'APC fermée par les villageois de Mansoura depuis le 24 octobre, et qui a tenu à rencontrer les responsables du comité de ce village pour tenter de débloquer la situation de l'APC, il rappellera que parmi les revendications exprimées figure la gestion de la source de Tala Bwadda dont les travaux de réfection sont bloqués par des villageois qui entendent revoir la répartition de l'eau entre les villages. Le P/APC des Aït Zikki et l'un de ses élus nous expliqueront que cela est dû «à un retard dans l'actualisation de l'enveloppe financière, le projet ayant accusé des retards à cause des oppositions». Sur le plan culturel, notre interlocuteur nous a fait part de deux illustres faits qui ne doivent pas être omis par les générations futures. À commencer par l'hommage au poète d'expression amazigh Smaïl Azikiou, qui «avait l'équivalent de Si Moh Ou Mhand et possède une grande aura et un pesant sur le plan culturel». Plusieurs associations ont rendu hommage à ce poète en 2014 à travers une exposition et en animant des conférences. La bataille du 27 juin 1857 qui s'est déroulée sur le mont Tizivert peut être considérée comme la dernière bataille de résistance du 19e siècle. Le nombre de morts dans les rangs des troupes de Bouzeguène, Aït Yahia, Aït Zikki et Aït Mélikèche a été important, selon notre interlocuteur. Ainsi, la date du 27 juin est commémorée tous les ans à Aït Zikki et la collectivité compte réaliser une stèle pour sauver cet événement de l'oubli et pour que la mémoire des Aït Zikki soit sauvegardée à jamais.