Le marché aux puces d'El Hofra, situé au cœur de la ville de Khemis Miliana, est devenu par la force des choses un lieu incontournable que visite tout Khemissi au moins une fois par jour et ce pour les opportunités qu'il offre. Que l'on habite au quartier Les Jardins, sur la route de Miliana, au quartier Souffay, sur la route de Médéa, à Dardara ou la Cadat, on achète sa viande, sa sardine, ses fruits et légumes ou sa paire de lunette dans ce marché devenu trop exigu pour une population estimée à 85 000 habitants. Dans la journée et particulièrement le matin, la ville de Khemis Miliana reçoit plus de 40 000 citoyens venant des communes avoisinantes de Djendel, Miliana, Aïn Soltane, Sidi Lakhdar, Djelida, Bir Ould Khelifa et surtout de Djemaa Ouled Cheikh distante de 45 km de cette ville hôte, une situation qui a fait dire à ses habitants : «Si on jette une pierre en l'air, elle tombera sûrement sur la tête d'un Chikhaoui.» Une cohabitation exemplaire Sur la place d'une superficie de 600 m2 à peine cohabitent, dans une entente parfaite, plus d'une centaine de revendeurs de différentes marchandises. On y trouve des vêtements neufs importés de Chine, de Turquie, de France, d'Italie et de Syrie, de la friperie pour enfants et adultes, des sous-vêtements et des chaussettes de fabrication nationale et d'importation, des ustensiles de cuisine neufs et d'occasion, des parfums et même des affaires scolaires, le tout à des prix si bas que l'on doute de la qualité du produit. Sur le côté nord de cette place, une vingtaine de marchands de poissons s'égosillent à attirer les clients. De la carpe d'eau douce, du merlan, de la crevette sont proposés sur des casiers bien rangés et à des prix qui laissent le citoyen de Aïn Defla pantois. La sardine criée à 60 DA le kg s'affiche 100 DA à Aïn Defla où le poisson blanc est quasi inexistant. Dans une ruelle, sur le côté est du marché, les vendeurs de portables neufs et d'occasion règnent en maîtres des lieux. Toutes les marques, toutes les séries sont exposées. Plus haut, la chaussée est occupée par une cinquantaine de vendeurs de pain traditionnel. De la galette de semoule, d'orge, du pain cuit au four en terre battue, du blé concassé, de l'orge fermenté et du couscous roulé main sont proposés à une clientèle fidèle. «Je viens quotidiennement chercher ma galette de semoule aux grains de sésame», nous dit un retraité de l'éducation. Avant d'arriver au carré des fruits, on passe obligatoirement par celui des herbes fraîches. Persil, coriandre, céleri, menthe, lavande, thym et romarin sont étalés sur des sacs en jute imbibés d'eau. Selon les saisons, on y trouve également des radis, de la meloukhya, du citron et des œufs. L'olive a conquis un petit espace dans ce souk. Verte, violette, noire, avec noyau ou dénoyautée, salée ou épicée, elle attire le regard et met l'eau à la bouche. Même les clous rouillés On arrive enfin au «trou» qui a donné le nom de Hofra à cet espace commercial. Ce lieu est réservé à la brocante. De vieux lustres, ustensiles de cuisine, des chauffe-eau, des radiateurs, des pièces usées de matériel électroniques, des boulons de différents calibres et des clous rouillés. «Il y a toujours quelqu'un pour acheter cette ferraille», nous confie un marchand de carcasses de micro-ordinateurs. En face d'El Hofra, c'est l'ancien marché couvert d'El Khemis, une structure monopolisée par les bouchers de viandes rouges et blanches. Du bœuf, de l'agneau, du caprin, de la dinde, du poulet et même du lapin sont taxés à des prix abordables. Les tripes sont marchandées entre 120 DA et 160 DA le kg alors que la côte d'agneau oscille entre 450 DA et 600 DA le kg, le bifteck à 700 DA tandis que la volaille varie entre 220 DA et 300 DA le kg. On notera que de nombreux citoyens de Aïn Defla ont pris l'habitude de faire leurs courses à El Khemis ou les prix affichés sont largement concurrentiels à ceux pratiqués au chef-lieu de la wilaya.