Le pouvoir réagit à la sortie du général de corps d'armée à la retraite, Mohamed Mediène, dit Toufik, qui a dénoncé la condamnation du général Hassan à 5 ans de prison ferme par le tribunal militaire d'Oran. C'est à travers le ministre de la Communication, Hamid Grine, qui s'exprimait dans une interview au journal électronique TSA, que la riposte a été donnée. Et de quelle manière ! «Je suis étonné qu'un ex-officier supérieur qui connaît très bien ses droits et ses devoirs, notamment le devoir de réserve, se laisse aller à dénoncer une décision de justice. Il est le premier à savoir qu'on ne commente pas une décision de justice. Pour moi, cette déclaration, loin d'être neutre, est extrêmement violente. Je peux même parler d'hyper violence. Les propos du général Toufik sont d'une extrême violence», a tonné Hamid Grine. «En contestant la justice, l'ex-officier supérieur remet en cause l'Etat de droit et la souveraineté du pouvoir judiciaire», tranche le ministre de la Communication. Dans sa lettre, l'ancien patron du DRS s'est dit «consterné par l'annonce du verdict prononcé par le tribunal militaire d'Oran à l'encontre du général Hassan». Le général Toufik, qui a gardé le silence pendant les 25 ans de son règne à la tête des services secrets, a appelé à «réparer une injustice qui touche un officier qui a servi le pays avec passion», et à «laver l'honneur des hommes qui, tout comme lui, se sont entièrement dévoués à la défense de l'Algérie». Il semblerait que c'est à ces deux passages que fait allusion Hamid Grine en qualifiant l'intervention publique de l'ancien patron du DRS d'extrêmement violente. Pas seulement. Car, à travers sa «mise au point», Grine décèle un danger dans les déclarations de Toufik. «En commentant une décision de justice, il met de la violence qui peut semer des troubles», estime-t-il. Il semble donc que la lettre du général Toufik, une sorte de témoignage dans l'affaire du général Hassan, (l'avocat Mokrane Aït Larbi a demandé le témoignage de Toufik dans le cadre du procès) commence déjà à faire beaucoup de mal. «Vous ne pouvez pas savoir les dégâts collatéraux que cette déclaration (la lettre du général Toufik, NDLR) pourrait avoir sur la société algérienne. Si un homme de son statut dénonce la justice, comment empêcher un jeune qui n'a pas la conscience du général Toufik de ne pas commettre des dérives ?», ajoute Hamid Grine, en appelant le général Toufik et tous ceux qui ont occupé des postes au sein de l'Etat à être responsables de leurs mots. Les observateurs se demandent pourquoi le général Toufik n'a pas été convoqué par le tribunal militaire d'Oran pour apporter son témoignage au lieu de le faire dans une sortie publique ? En tout cas, dans sa lettre, Toufik a affirmé qu'«après avoir usé de toutes les voies réglementaires et officielles, j'ai estimé qu'il est de mon devoir de faire connaître mes appréciations à l'intention de tous ceux qui sont concernés par ce dossier, ainsi que tous ceux qui le suivent de près ou de loin». Mais le pouvoir que le général a quitté depuis quelques mois ne l'entend pas de cette oreille. «On ne peut pas dire n'importe quoi, surtout en cette période. J'appelle à plus de sagesse et de pondération», a lancé le ministre de la Communication.