Le ministre de la Communication et le secrétaire général du FLN ont fait l'objet d'un tir nourri S'appuyant sur la sortie publique du général de corps d'armée Toufik, ils ont réitéré l'appel à la libération du général Hassan. Ça chauffe entre le groupe des 19-4 et le pouvoir. En effet, ce groupe a répliqué vigoureusement, lors d'une conférence de presse animée hier au siège du Parti des travailleurs, aux propos tenus par le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, à l'encontre de Louisa Hanoune, où il l'accuse sans ambages de rouler pour le général Toufik et d'avoir perdu ses équilibres depuis la mise à la retraite de ce dernier. «Ces accusations sont ignobles et misogynes. Elles sont révélatrices de la panique qui s'est emparée de ceux qui ont pris le président Bouteflika en otage», clame-t-on. «Les attaques ignobles contre Mme Louisa Hanoune visent toutes les militantes et les femmes algériennes, et par-delà, toutes les femmes de l'humanité. Ces attaques relèvent d'un racisme anti-femmes qu'aucune société, qu'aucun Etat, digne de ce nom, ne saurait tolérer», a affirmé Boudjemaâ Guechir, ex-président de la Ladh. Lui succédant à la tribune, Mme Zohra Drif-Bitat a déclaré que «les propos du SG du FLN, Amar Saâdani, doivent être criminalisés. Tout comme doivent être criminalisés ses tentatives takfiristes qui relèvent de l'appel au meurtre et qui nous replongent dans les tragiques années du terrorisme», rappelant, ce faisant, les déclarations d'Amar Saâdani où il défie Louisa Hanoune de réciter la Fatiha. Louisa Hanoune, quant à elle, abondant dans le même sens, a fait savoir que des militants sincères du FLN, ceux qui se réclament du FLN historique, ont tenu à dénoncer Amar Saâdani, jugeant inadmissible ses attaques haineuses contre sa personne et que «des actions seraient menées dans les jours qui viennent pour dénoncer publiquement Saâdani». Mais ce n'est pas seulement le boss du FLN qui en prend pour son grade. Hamid Grine, ministre de la Communication, qui a reproché au général Mohamed Mediene sa sortie publique, a aussi été vilipendé par les 19-4. En effet, en disant que «les propos du général Toufik sont d'une extrême violence» et qu'«en contestant la justice, l'ex-officier supérieur remet en cause l'Etat de droit et la souveraineté du pouvoir judiciaire», Hamid Grine a suscité l'ire de ceux-ci. Khalida Toumi, qui semblait particulièrement outrée, s'est violemment déchaînée contre lui. «Un ministre de l'Exécutif ne peut pas parler ni de près ni de loin, directement ou indirectement, d'un procès de justice parce qu'il s'agit d'un principe constitutionnel exigeant le respect de la séparation entre les pouvoirs. C'est une violation de l'indépendance de la justice. Hamid Grine a violé l'obligation de réserve», a-t-elle relevé. Evoquant la sortie du général de corps d'armée Toufik qui a appelé à la libération d'Abdelkader Aït Ouarabi, dit le général Hassan, qui a été condamné par le tribunal militaire d'Oran à 5 ans de prison ferme, le groupe, a trouvé que l'opportunité était grande de souligner que celui-ci confirmait leur crainte. «Si le général Toufik a eu recours à cette lettre, c'est parce que la situation est devenue extrêmement grave», a d'emblée fait savoir Zohra-Drif Bitat. «Nous vivons un moment dangereux. Je ne connais pas l'armée, mais en tant que citoyenne, je suis atterrée quand je vois un tel nombre de généraux et d'officiers supérieurs poursuivis, ensuite condamnés. Ça laisse pantois. Tout le monde reconnaît pourtant la probité des officiers de ce corps qui a veillé à la sécurité du pays», a-t-elle ajouté. Les autres membres du groupe, qui se relayaient, les uns s'appuyant sur les propos des autres, se sont tous mis d'accord sur ce constat. Pour eux, la sortie de l'ex-chef du DRS confirme que le président «est pris en otage par son entourage». Par ailleurs, s'appuyant sur les témoignages de Toufik, on a abondamment évoqué «les bons et loyaux états de services du général Hassan», en appelant à sa libération. «Ce n'est pas possible que le président soit au courant. Le général Hassan est un héros. Et les preuves qu'on prétend avancer contre cet officier sont pures affabulations», a déclaré Louisa Hanoune tout en précisant que le général Gaïd Salah lui-même lui a fait part de ce qu'il pense de cette affaire. «En 2014, quand je l'ai rencontré, (Gaïd Salah), je lui ai demandé si vraiment le général Hassan a pu constituer un groupe armé. Sa réponse était non. Pourquoi alors le jeter aujourd'hui en prison? Le président Bouteflika est-il au courant?», s'est-elle interrogée, visiblement inquiète. En outre, s'appuyant sur la missive du général de corps d'armée Toufik, la première responsable du PT a observé «une nette déliquescence de l'Etat» qui, selon elle, «il y a une accélération des événements. Nous avons assisté en l'espace d'une semaine à toutes les dérives possibles. Si les dérives de la justice étaient percevables uniquement dans le domaine de la sphère de la justice civile, aujourd'hui c'est la justice militaire, à son tour, qui en subit les dangereuses dérives. La situation est grave», a-t-elle constaté. Khalida Toumi partage les mêmes inquiétudes et, à ce titre, dénonce énergiquement ce qu'elle appelle «une cabale». «Si le général Toufik affirme que le général Hassan a accompli sa mission sous son autorité, ça veut dire que ce qui s'est passé au tribunal d'Oran est une cabale», a-t-elle fulminé en rangeant dans le même tiroir la condamnation du chef de la garde présidentielle, le général Medjoub, qui, selon elle, a subi lui aussi «une cabale judiciaire et un règlement de comptes». Constitué au départ pour demander audience au président de la République, le groupe des 19-4 se nourrit grassement des évènement qui s'enchaînent dans la scène politique nationale. Ce groupe managé par la patronne du PT, auquel un essoufflement rapide a été prédi par nombre d'observateurs, a bien rebondi hier et, compte tenu de la virulence avec laquelle il s'en est pris aux adversaires de sa démarche, il ne compte nullement se taire. «Nous n'allons pas céder, nous n'allons pas nous taire», assure-t-on d'ailleurs. Et la sortie de Toufik, à bien des égards similaire à la leur, apporte naturellement de l'eau à leur moulin. Cette similitude des démarches et cette convergence de vues vont-elles conduire le général de corps d'armée Toufik à se joindre à eux.