Au moment où la décision gouvernementale d'imposer les moyens scripturaux (chèque, virement) pour le paiement des transactions immobilières, dans le but de stopper la spéculation, à Annaba c'est une autre paire de manches. «Nous demandons à l'Etat d'établir un barème national fixant les tarifs de l'immobilier, selon les différentes spécificités, afin de freiner la flambée des prix sans précédent observée depuis le début de cette année», nous ont déclaré hier des directeurs d'agences immobilières. Pour ces derniers, c'est la seule façon de stabiliser et de placer sur des bases saines un marché en proie aux spéculations les plus démesurées. Pour nos interlocuteurs, les principaux artisans de cette crise du logement, aussi bien à la vente qu'à la location, sont en premier lieu les propriétaires qui exigent des sommes exorbitantes dans les deux formules, décourageant ainsi les meilleures volontés. «Les propriétaires n'écoutent plus les conseils des agences, mais fixent eux-mêmes les prix, allant toujours vers la hausse.» Des tarifs qui sont loin des possibilités des bourses moyennes : «Les offres vont, pour la location d'un F3 dans les quartiers populaires, de 35 à 40 000 DA et dans le quartier nord, entre 35 et 50 000 DA. Un F2 à la cité El Bouni est loué pas moins de 25 000 DA. Le tout est assujetti au paiement d'avance pour une année. La location est d'autant plus élevée que les propriétaires veulent profiter de l'attente forcée de tous ceux inscrits sur les listes des programmes sociaux ou AADL, obligés de louer jusqu'à la distribution des logements. Pour la vente, les prix sont tout aussi «brûlants». Ainsi, un F4 sur le littoral est cédé entre 2,8 et 3,5 milliards de centimes. En dix ans, les prix ont connu une véritable explosion. «Du jamais vu» pour ces spécialistes, qui révèlent qu'Annaba est en passe de détrôner la capitale en matière de cherté de l'immobilier. A l'instauration d'un barème national, les agences immobilières sont pour la reprise de la vente des logements sociaux par le biais du désistement de particulier à particulier, «à condition toutefois que l'acquéreur soit titulaire d'un certificat négatif dûment établi par l'Etat. Nous voulons que cette formule soit autorisée, mais sur des bases légales». Cela fluidifierait le marché et permettrait ainsi aux petites bourses d'acquérir un logement social à un tarif raisonnable. Ajoutons pour notre part que la vente par désistement, bien qu'elle soit formellement interdite, est toujours pratiquée par certains spéculateurs, encouragés par un ou deux notaires qui acceptent, au mépris des textes en vigueur, de contourner la loi, en établissant des contrats qu'ils ne peuvent toutefois enregistrer à l'OPGI. Pour cette dernière, l'appartement est toujours établi au nom du premier acquéreur, mais les spéculateurs n'en ont cure.