Etonnante sortie du président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa. Dans une interview accordée hier à l'agence officielle APS, le président de la Chambre basse du Parlement a estimé que la seule initiative politique valable est celle du FLN, discréditant de fait les autres initiatives prônées par les partis de l'opposition. «Tout un chacun a le droit de présenter des initiatives dans le cadre de la liberté qui marque l'exercice politique en Algérie, pour peu que le dialogue soit démocratique et s'inscrive dans le cadre du respect de l'opinion de l'autre», a-t-il souligné. Expliquant que les initiatives soumises sont censées véhiculer des alternatives, il a ajouté qu'en sa qualité de membre de l'ex-parti unique, il pouvait attester que «la seule alternative qui vaille est celle soumise par le FLN». Même le patron du parti majoritaire n'a pas fait mieux, lui qui explique, à chaque occasion, qu'en plus du projet de son parti, il y a aussi l'initiative du FFS. Interrogé sur les sorties médiatiques et les échanges virulents entre partis et personnalités politiques, Ould Khelifa a indiqué que «le discours politique doit s'élever à la hauteur de la grandeur de l'Algérie». «Nous faisons d'emblée preuve de bonne foi, mais les déclarations de certaines figures de l'opposition nous poussent parfois à douter de l'intention de leurs auteurs», a-t-il tonné, ajoutant que «les déclarations hostiles à l'Etat ne servent nullement les intérêts de la classe politiques ni ceux de l'Algérie». Pour le président de l'APN qui ne note pas la violence qui caractérise le discours du patron du FLN, «le bon discours politique est celui qui va dans le sens des intérêts du pays, à l'instar du discours consistant que tient le FLN». «Les» discours alarmistes qui n'apportent pas d'alternative sont vains et profanes», a-t-il dit, en fustigeant ceux qui remettent en cause la légitimité des institutions de l'Etat, notamment le président de la République. Dans ce contexte, il souligne que Bouteflika «a été élu à la majorité et l'on ne saurait remettre en cause sa légitimité». «C'est le président Bouteflika qui dirige le pays et il jouit de toutes ses capacités», a-t-il soutenu. Pour lui, la nouvelle constitution qui tarde à être adoptée «constituera le couronnement des réformes politiques initiées depuis 2011» par le président Bouteflika. Le chef de l'Etat «est le président de tous les Algériens. Il assume la responsabilité de l'Etat (...). Toutes les données internes et externes lui parviennent et il connaît mieux que quiconque le moment opportun de présenter le projet de révision de la Constitution», a-t-il ajouté pour justifier le retard accusé par le projet. Incidents à l'APN : déplorables Le président de l'APN s'en est pris également à l'opposition parlementaire qui a contesté la loi de finances 2016. Il a déploré les incidents qui ont émaillé la séance de vote de la loi, précisant que l'opposition «n'a pas le droit d'empêcher les autres d'émettre leur avis ou de voter». «Il y a une majorité et une minorité dans tous les Parlements», a-t-il argué. «Empêcher le vote de cette loi est une mesure illégale et non démocratique», a-t-il martelé, indiquant que «ceux qui estiment que cette loi est inappropriée n'ont qu'à se présenter aux prochaines élections et corriger l'erreur». Et le recours au président de la République et au Conseil constitutionnel pour faire annuler cette loi ?» L'opposition n'est pas en droit de s'adresser au président de la République qui a un gouvernement auquel il donne des directives (…) Quant au Conseil constitutionnel, ce dernier n'est pas habilité à trancher cette question, étant une instance constitutionnelle dont les prérogatives ne sont pas élargies aux griefs retenus contre le gouvernement dans ce volet», a-t-il affirmé, faisant remarquer que le mot austérité n'est mentionné dans aucun des articles de la loi de finances 2016. «Il s'agit plutôt de la rationalisation des dépenses», a-t-il martelé.