De cadre à inculpé condamné par le tribunal qui a retenu la diffamation, Yazid M. est déçu car il considère que ce qu'il a fait allait en droite ligne d'un geste d'un patriote. Cependant... Maître Samira Abdelkader qui défendait Yazid M. quarante-deux ans inculpé de diffamation, avec comme partie civile une filiale d'une compagnie de téléphone, s'est tellement démenée à la barre, qu'on avait la nette impression qu'elle avait en face d'elle un proche, un si proche. Nous allions même écrire son propre époux ! Une vraie «pro» que cette avocate. Makhloufi Derbouchi, la présidente de la section correctionnelle de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) a dû apprécier les nombreuses questions lancées qui, à l'inculpé, qui à la partie adverse. Lancée sur citation directe, sur la base de l'article 337 bis du code pénal, les faits remontent à l'année 2007 lorsque Yazid M. avait été scandaleusement licencié de la société qui l'employait en qualité de directeur des ressources humaines. Il prit soin d'écrire à l'inspecteur général de la banque d'Algérie, les manigances des cadres de l'entreprise étrangère tenue au respect de la loi algérienne qui veut que toutes les réunions, les résolutions se tiennent en Algérie et non à l'étranger. En outre, il y des pseudo-invitations de pseudo-experts étrangers par des conventions qui gonflent les dépenses devises. «Ce sont des gens qui n'ont jamais mis les pieds en Algérie. C'est scandaleux», a lancé l'inculpé qui avait comparu sur opposition et avait écopé de deux mois de prison ferme et cinquante mille d'amende et un million de dinars à verser à la partie civile représentée par maître Amel Bamidi qui a suivi les réponses de l'inculpé qui a signé les accusations qu'il a portées à l'encontre des cadres étrangers en langue française. D'ailleurs, maître Brahimi a expliqué que l'inculpé est passé à côté de son sujet car l'entreprise n'a pas besoin de tels procédés pour gagner du fric. «Il a démissionné à sa demande et a reconnu qu'il ne pouvait subvenir à sa responsabilité avant de revenir sur sa demande d'une manière inattendue», a-t-elle clamé. Akila Bouacha, la procureure, demande la confirmation du jugement. Pour l'inculpé, Maître Abdelkader revient aux faits qu'elle trouve stupides du fait que son client n'a fait que son devoir de patriote qui ne pouvait se taire devant de telles manigances des responsables de l'entreprise étrangère venues se sucrer sur le dos du Trésor public et «cela n'a jamais plu à ces messieurs dames, C'est dommage car l'inculpé a deux licences et sa compétence a fait que les poursuites ont été déposées dans le but de le détruire» avait souligné l'avocate émue à un certain moment de son intervention, une longue intervention qui avait même fait grimacer la juge laquelle en décidant de mieux se pencher sur cette affaire durant une semaine avait démontré «noir sur blanc» qu'une plainte devait aboutir sur des attendus solides. C'est ainsi qu'en décidant d'infliger une amende en guise de peine, Makhloufi Derbouchi a conforté l'avis de plusieurs invités à savoir que c'est une rude magistrate qui bosse sur le dossier, uniquement le dossier. L'avocate de la victime avait juste laissé transparaître un sourire d'une juriste qui n'avait fait que son boulot.