Le talentueux meneur de jeu guinéen de l'USM El-Harrach, Mohamed Coumbassa, est très remonté contre la direction de son club, à sa tête Abdelkader Mana. Le jeune Coumbassa (20 ans) souffre le martyre depuis son arrivée à l'USMH. Entretien. Comment ça se passe pour vous à l'USMH ? Sur le plan technique et humain, ça se passe bien. Il y a une bonne ambiance au sein du groupe. On a la chance d'avoir un bon coach en la personne de Boualem Charef. Le coach fait bien son boulot et nous, les joueurs, le suivons. J'ai fini par bien m'adapter au sein du groupe. Vous avez tardé à trouver vos marques et vos repères ici en Algérie ? une explication ? Oui, j'ai eu du mal à trouver mes marques ici. C'est un nouveau championnat et un nouvel environnement pour moi. Chez nous en Guinée, on a aussi des terrains en tartan, mais on joue souvent sur gazon naturel. L'adaptation n'est pas facile du tout. Sur le plan technique, je connais bien le style de jeu des Algériens. J'ai déjà joué contre eux dans les compétitions internationales. La nouveauté pour moi, c'est la tactique ou le système de jeu adopté par l'entraîneur de l'USMH, qui insiste beaucoup sur la technicité et la possession du ballon. Ce n'était pas le même système de jeu dans mes précédents clubs. Mais je suis tout de même parvenu à développer le jeu que veut le coach et à répondre à ses exigences. J'ai pu m'adapter vite. Au moment où vous vous êtes bien intégré dans l'équipe harrachie, vous avez décidé de repartir chez vous avant le grand derby contre le MCA. que s'est-il passé au juste ? Ce n'était pas de ma faute. J'étais forcé de partir. J'avais un visa de trois mois qui a expiré, je ne voulais pas me retrouver en situation irrégulière du moment que je n'avais pas de permis de travail. Rien n'a été fait pour régulariser ma situation. J'ai attendu jusqu'au dernier moment, je suis rentré chez moi cinq heures avant l'expiration de mon visa. Ce n'était pas une fuite ou une fugue. Je suis reparti en Guinée pour faire un autre visa. Je ne peux rester dans un territoire où mes papiers ne sont pas en règle. Les dirigeants de l'USMH m'ont accablé et m'ont dénigré, alors que ce sont eux les fautifs. Cela m'a fait mal. A mon retour à Alger, le président de l'USMH m'a reproché de partir, je lui ai dit que je l'ai averti mais il n'a rien fait pour régulariser ma situation. Dès que j'ai eu mon nouveau visa, j'ai payé de ma poche le billet de retour pour leur prouver ma bonne foi. Jusqu'au jour d'aujourd'hui (entretien réalisé mercredi), mon problème n'est pas réglé. Mon visa va expirer en janvier et je dois encore repartir en Guinée. Qu'en est-il sur le plan financier ? C'est la même chose. J'attends toujours mes salaires. J'ai des parents, beaucoup de frères et sœurs, qui attendent avec impatience que je leur envoie de l'argent. Le président de l'USMH ne tient pas ses engagements. Il me sape le moral. On est dans un club professionnel et on doit en principe être payé à temps. Ce n'est malheureusement pas le cas. On fournit des efforts et on réalise de bons résultats sans être récompensé en contrepartie. Mes camarades sont dans la même situation que moi. Cela nous fatigue. Notre entraîneur joue au pompier et nous remonte le moral, mais ça pèse à la longue. On n'est pas tranquille. On joue sans être payé à temps. Ce n'est pas normal. C'est difficile de se concentrer sur son boulot dans ces conditions. Cela se voit d'ailleurs sur le terrain. On a perdu certains matches à cause de ce manque de concentration qui nous joue un sale tour. On est des professionnels, le football est notre gain-pain. Moi, je suis là pour préparer mon avenir. Le football est plein de surprises. Aucun joueur n'est à l'abri d'une grave blessure qui peut stopper carrément sa carrière. Si les dirigeants harrachis veulent avoir un meilleur rendement de ma part, ils n'ont qu'à régulariser ma situation administrative et financière. J'ai besoin d'argent pour aller aussi de temps en temps chez moi pour me ressourcer et voir ma famille. Dans le football, il n'y a pas que la technique et le physique, le moral compte beaucoup aussi. Etes-vous satisfait de vos conditions de séjour à Alger ? Je suis plus au moins satisfait de l'appartement qu'on a mis à ma disposition. J'ai demandé certaines commodités pour avoir plus de confort, mais les dirigeants de l'USMH n'ont pas encore accédé à mon vœu. Ce n'est pas grave. Parfois, il faut faire des sacrifices pour réussir. Mon coach et mes camarades me remontent toujours le moral. Ils me dorlotent. Ce sont de vrais musulmans. J'oublie tous mes soucis et mes ennuis dès que je rejoigne l'équipe au stade. Que pensez-vous du championnat algérien ? Le championnat algérien est bon dans l'ensemble. La meilleure équipe sur le plan technique, c'est bien évidemment l'USMH. Notre coach est également le meilleur. On joue bien et on assure le spectacle. On n'a pas été bien récompensé dans certains matches qu'on a dominés de bout en bout. L'USMH, c'est le Barça algérien avec son tiki-taka ? Absolument. L'USMH développe le meilleur football dans le championnat algérien. Personne ne peut le nier ou le contester. On manque un peu d'efficacité, mais ça va venir. Cela est dû essentiellement au manque de concentration qui s'explique par ces problèmes financier du club qui nous empoisonnent la vie. On aura notre mot à dire dans cette compétition. Le championnat, c'est une course de fond, pas de vitesse. Tout peut arriver dans la phase retour. L'USMH peut gagner un titre cette saison, j'en suis convaincu. Peut-on revoir le Ronaldinho guinéen dans la phase retour si la direction de l'USMH vous prend mieux en charge ? C'est une certitude. Je suis capable de faire mieux encore si on me paye à temps surtout. Je lance un défi aux dirigeants harrachis. Si la situation financière du club s'améliore, l'USMH va faire très mal. Pour jouer bien et être plus performant sur le terrain, il faut se sentir bien dans sa tête.