L'Institut français d'Alger (ex-CCF) accueillera ce soir un récital de musique d'Orient du virtuose, compositeur et multi-instrumentiste arménien, Abaji. «Les sources de ma musique viennent de ce que j'ai entendu au Liban. A Beyrouth dans les années 1960/1970, on écoutait Bob Dylan, Cat Stevens, The Beatles, Fairouz, Oum Kalthoum, Farid Altrache...», a dit Abaji. Ce virtuose, unique en son genre, dira qu'il attend une passivité pure du public. Ce qu'il souhaite de ce dernier est une réponse de son âme vis-à-vis de sa musique et de toutes les musiques qui existent. «Ce qui intéresse un musicien en premier, c'est de bouleverser l'âme du public à l'écoute de sa musique.» Musicien d'origine arménienne né au Liban et exilé en France, Abaji est un déraciné heureux. Son blues, ponctué d'éclats de rire et nourri de nomadisme, se moque des frontières comme des catégorisations. «Ce troubadour des bédouins s'accompagne d'instruments insolites qu'il manie en virtuose. Si le oud et le bouzouki qu'il maîtrise n'ont rien de stupéfiants, sa guitare sitar ou son saxophone de roseau sont déjà beaucoup plus hallucinants. Son maître mot est l'improvisation : avant un concert ou même avant de monter sur scène, il ne sait rien de ce qu'il va jouer. Chaque instant est unique. Une flûte à la bouche, une guitare entre les mains et des percussions de grenailles nouées aux mollets, Abaji est un homme-orchestre totalement indépendant», peut-on lire dans sa biographie. Son sixième disque, Orient Orient a été enregistré en deux jours de studio. Le plus étonnant c'est qu'il a été enregistré en une seule prise, «c'est-à-dire jouer de tous les instruments en même temps sans pouvoir faire de corrections ou de rajouts», dira Abaji dans une interview accordée à une radio française. Un défi risqué qui n'est pas à la portée de tous, surtout que sur cet album, Abaji joue un nombre impressionnant d'instruments : oud guitare, bouzouki, percussions, deff, flûte de Bali, duduk basse, saz, harmonica, lyra Kemenchech, saxophone de Colombie en bambou. Une passion qu'il assemble avec son amour pour les voyages. En effet, globe-trotter, Abaji étonne par sa remarquable faculté à découvrir, au fin fond des pays qu'il parcourt, des instruments rares ou en voie de disparition qu'il sait instantanément faire revivre. De plus, les titres de son album sont chantés en cinq langues. Abaji a aussi à son actif plusieurs compositions pour le cinéma et la télévision.