Au cœur d'une grosse polémique, l'article 51 introduit dans l'avant-projet de révision de la Constitution n'en finit pas de susciter les réactions de la classe politique, mais aussi de la communauté algérienne établie à l'étranger. Même après son amendement par le Conseil des ministres lundi, qui prévoit d'établir une «short-list» des postes à ne pas pourvoir, les débats restent ouverts, souvent dans une ambiance houleuse. Ambigu pour les uns, discriminatoire pour les autres, l'article en question divise aussi bien au sein des partis acquis au pouvoir que dans l'opposition. Au moment où d'aucuns semblent totalement opposés aux dispositions contenues dans cet article (FLN et opposition), le RND ainsi que l'avocat Farouk Ksentini émargent et estiment qu'il est tout simplement inconcevable que des binationaux prétendent aux hautes fonctions de l'Etat et aux portefeuilles de souveraineté. Eclairage. Seddik Chihab, porte-parole du RND : «On ne peut pas prétendre aux hautes fonctions de l'Etat en ayant la double nationalité» Le Temps d'Algérie : Ahmed Ouyahia a donné instruction pour qu'une campagne de sensibilisation soit menée par le RND en faveur de la nouvelle Constitution. Où en êtes-vous ? Seddik Chihab : Il s'agit en effet d'une campagne d'explication destinée, dans un premier temps, aux cadres du parti au niveau interne et au niveau des institutions telles que le Parlement. Ensuite, nous irons vers des rencontres régionales de proximité afin de sensibiliser nos militants sur les nouvelles dispositions introduites dans l'avant-projet de révision de la Constitution. Au RND, vous n'avez soulevé aucune critique à propos de la nouvelle Constitution. L'intégralité du texte fondamental semble vous conforter… La nouvelle Constitution répond de façon plus qu'acceptable aux exigences et aux ambitions démocratiques. Le président de la République a promis une révision en profondeur de la Constitution. Le pari était grand. Et je pense qu'Abdelaziz Bouteflika a tenu sa promesse. Des avancées notables ont été faites à tous les niveaux : politique, économique, social, juridique, etc. L'Algérie avait besoin d'un véritable ancrage démocratique. La nouvelle Constitution est donc venue consacrer cet ancrage démocratique qui, soit dit en passant, était irréversible. Ce n'est pas ce que pense l'opposition… L'opposition est dans son rôle. Les partis qui la composent ont le droit d'émettre leurs critiques et de donner leur avis. Nous sommes en démocratie. L'article 51 a suscité une grande polémique. Il est décrié par de nombreux partis politiques, le FLN en tête. Quelle est votre position par rapport à cet article ? Permettez-moi avant d'attirer votre attention sur l'existence de l'article 24 bis. C'est un article qui garantit aux binationaux et aux résidants algériens à l'étranger tous leurs droits. L'Etat veille à la sécurité des Algériens partout dans le monde. C'est un article qui définit par ailleurs clairement les droits et les devoirs de la communauté algérienne à l'étranger. Pour ce qui est de l'article 51, je pense qu'il est tout à fait naturel que l'Etat limite certaines hautes fonctions aux seuls Algériens résidant en Algérie et de nationalité algérienne exclusivement. On ne peut prétendre aux hautes fonctions de l'Etat en ayant la double nationalité. La polémique soulevée par cet article semble avoir des relents d'exploitation politicienne. Pas plus que ça. Le parti de Amar Saâdani milite pour son annulation pure est simple. Il en fait une exploitation politicienne ? Je n'ai pas à commenter les positions du FLN ni d'aucun autre parti politique…