Invité hier de l'émission «En toute franchise» de la Chaîne III, l'ex-vice-président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Djamel Ferdjellah, est revenu sur la situation qui prévaut actuellement au sein du RCD, ainsi que sur les «vraies» raisons de son exclusion du parti. Il affirme qu'il n'est pas prêt à renoncer à son combat pour le «bien-être» du RCD auquel il a sacrifié 20 longues années de sa vie. «Le RCD était porteur d'idées prometteuses et d'un projet de société important. Il a formé les meilleurs cadres politiques en Algérie, mais malheureusement, aujourd'hui il a versé dans la chasse aux sorcières», a déclaré Ferdjellah. Cette nouvelle politique du chef du parti est motivée, entre autres, selon l'invité de la radio, par «le fait que lors du 3e congrès en 2007, un certain nombre de cadres, notamment de Tizi Ouzou, de Béjaïa, de Bouira, d'Oran et de Constantine ont contesté le mode de fonctionnement interne du parti qui était verrouillé». Face à cette situation «sclérosée», Fardjellah a affirmé que «le travail de sensibilisation se poursuit, car il est difficile de donner 20 ans de sa vie et puis accepter d'être exclu ou marginalisé d'une manière aussi arbitraire». S'agissant de la réunion du conseil national qui s'est tenue jeudi, Ferdjellah l'a qualifiée d'assemblée générale car, a-t-il expliqué, «il ne reste pratiquement plus rien au sein de ce conseil. La quasi-majorité des cadres ont été soit chassés soit sont partis de leur propre gré». L'ancien vice-président du RCD a parlé de la «déconfiture» et de la «décomposition» de son ancien parti. «Quand Saïd Sadi a appelé au boycott de l'élection présidentielle, il n'a trouvé qu'«entre 30 à 50 militants autour de lui», alors qu'«en 1999, la rue Didouche Mourad à Alger a été fermée durant 21 jours par les cadres et militants du RCD». L'invité de la radio a déploré en outre que «le parti qui était autrefois un instrument de combat soit réduit actuellement à un appareil soumis à l'humeur de Saïd Sadi.» «Tous les partis politiques sont bâtis sur l'impunité.»Interrogé sur une éventuelle formation d'une coalition de l'ensemble des cadres exclus ou marginalisés par le chef du RCD, l'ancien n°2 de cette formation a affirmé : «Nous allons prendre le temps nécessaire pour nous informer et connaître le contenu des nouvelles lois régissant les partis politiques pour décider d'un cadre de substitution». Djamel Ferdjellah a considéré, par ailleurs, que tous les partis politiques, y compris ceux qui se réclament de la démocratie, sont bâtis sur l'impunité. Pour lui, le champ politique est à la croisée des chemins et il est temps d'amorcer un renouveau. «Il est impératif de refonder la scène politique nationale en s'ouvrant davantage à la société civile, aux syndicats autonomes, aux femmes et à la jeunesse, car la substance essentielle d'une formation politique demeure ce potentiel qui se bat au sein de la société.» Revenant sur le fameux drapeau noir hissé sur le fronton du siège national et des bureaux régionaux du RCD à la place des couleurs nationales lors de la campagne électorale en signe de «deuil national», l'invité de la radio le considère comme «une dérive grave de Saïd Sadi. Nous ne pouvons pas admettre que la mémoire de nos martyrs soit profanée.» «Le système du RCD est sclérosé. La moitié du secrétariat national est partie. Il n'offre plus le cadre idoine pour débattre en toute transparence. Il ne reste du RCD que l'idée, les moyens et le siège», a estimé Djamel Ferdjellah. L'ex-n°2 du RCD a indiqué par ailleurs qu'il ne se fait aucune illusion quant à sa réappropriation du parti : «Nous, nous voulons que ce parti pour lequel se sont sacrifiés maints martyrs de la démocratie puisse honorer leur mémoire, sachant que la volonté et l'ambition existent», avant de conclure : «Nous voulons faire en sorte que les hommes passent et que les actes restent».