Daech a enlevé au moins 400 civils dans la ville syrienne de Deir Ezzor après y avoir tué des dizaines de personnes, la plupart exécutées, dernière atrocité en date du groupe terroriste dans le pays en guerre. Alors que la population continue de payer le lourd tribut de la guerre, 40 civils dont 8 enfants ont péri samedi dans des raids aériens sur Raqa, bastion de Daech dans l'est de la Syrie, a rapporté hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Le même jour, au moins 400 personnes étaient kidnappées à Al-Bgheliyeh, banlieue nord-ouest de la ville de Deir Ezzor (est) et dans des secteurs alentours, selon l'ONG. Tous de confession musulmane sunnite et parmi lesquels «figurent des femmes, des enfants et des membres de familles de combattants pro-régime», les 400 civils ont été emmenés vers des régions aux mains de Daech dans la province éponyme riche en pétrole et dans celle voisine de Raqa, selon l'OSDH. Le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahmane, a dit craindre que Daech «n'exécute les civils ou ne réduise les femmes à l'esclavage sexuel comme il l'a fait plusieurs fois dans le passé». Samedi, cette organisation terroriste a lancé une offensive d'envergure sur plusieurs secteurs de Deir Ezzor, qui lui a permis d'en contrôler environ 60%. Des combats intermittents opposaient hier les terroristes aux pro-régime, alors que la banlieue d'Al Bgheliyeh a été la cible de raids de l'aviation de la Russie, alliée fidèle du régime, selon l'OSDH. Avant d'enlever les civils, les combattants de Daech ont tué à Al Bgheliyeh au moins 85 civils et 50 combattants pro-régime, la plupart exécutés, selon l'OSDH qui a aussi fait état de 42 terroristes tués. L'agence officielle syrienne Sana a dénoncé un «massacre» et parlé de «300 civils tués». Si ce bilan était confirmé, il serait l'un des plus élevés pour une seule journée dans ce conflit déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques réclamant des réformes, qui a dégénéré en guerre civile complexe avec plusieurs protagonistes. Daech, qui a profité du chaos en Syrie pour s'emparer de vastes territoires, est responsable d'atrocités – exécutions, viols, rapts, nettoyage ethnique – aussi bien en Syrie qu'en Irak voisin et a revendiqué de nombreux attentats particulièrement meurtriers dans d'autres pays. Alors que jusqu'à présent, les efforts pour une solution politique ont échoué, l'ONU tente de réunir à partir du 25 janvier en Suisse régime et opposition pour des négociations sur un cessez-le-feu et une transition politique. Pour les préparer, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov rencontrera mercredi à Zurich son homologue américain John Kerry.