La bibliothèque du Palais de la culture Moufdi-Zakaria a accueilli hier la cérémonie de remise de contrats de subventions aux associations actives dans la protection et la valorisation du patrimoine culturel algérien. Dix-huit associations représentant 13 wilayas ont été sélectionnées sur plus d'une quarantaine de candidatures réparties sur tout le territoire national. Ces subventions ont été octroyées par l'Union européenne dans le cadre de la mise en œuvre du programme d'appui à la protection et la valorisation du patrimoine culturel en Algérie. Zouhir Ballalou, conseiller du ministre de la Culture, est également directeur du Programme d'appui à la protection et la valorisation du patrimoine culturel en Algérie. Il nous parle de cette initiative et de ses retombées futures. Le Temps d'Algérie : Comment ce projet a pris forme ? Zouhir Ballalou : Dabord, il s'agit d'un projet intitulé «Programme d'appui à la protection et la valorisation du patrimoine culturel en Algérie», qui touche plusieurs volets. C'est un programme très ambitieux. C'est le plus important entre l'Union européenne et un pays de la rive sud de la Méditerranée. Le budget est de 24 millions d'euros, ce qui n'est pas rien. Il y a aussi une contribution nationale de deux millions et demi d'euros. Ce programme dont l'objectif est surtout d'appuyer les associations nationales dans le domaine de la préservation culturelle tangible et intangible, en l'occurrence matérielle et immatérielle dans tous ses volets. Un des petits volets de ce programme, c'est le programme d'appui à la société civile. Au jour d'aujourd'hui, nous sommes en train de travailler également sur La Casbah d'Alger, sur le site d'Imadrassen à Batna… II y a également une grande activité de formation qui va être lancée avec les cadres du ministère de la Culture, les acteurs du domaine du patrimoine culturel au niveau des musées, des parcs naturels également. Nous avons aussi une activité autour de la question de l'inventaire et des équipements. sans oublier l'action phare qui est de lancer l'inventaire du patrimoine culturel en Algérie en appui avec ce qui se fait au ministère de la Culture. A travers ce panel d'activités très diversifié, on s'est dit que la société civile doit avoir son apport, et qu'à travers elle, on peut susciter un intérêt et un éveil à la protection et la conservation du patrimoine. Comment cela s'est-il traduit concrètement sur le terrain ? Dans ce sens, nous avons lancé depuis une année et demie cet appel à propositions. Nous avons sensibilisé les associations algériennes qui œuvrent dans le domaine du patrimoine culturel pour soumettre des projets. Il y a un mouvement associatif dans le secteur de la culture, c'est-à-dire dans la musique, le folklore, … mais celles qui travaillent sur le patrimoine culturel ne sont pas très nombreuses. Le peu qui existe fait du très bon travail et constitue une locomotive pour d'autres. Il y a aussi des associations qui ont le titre de patrimoine, mais elles en manquent réellement ! Avec ce programme, nous avons touché à peu de choses près 300 associations à travers des rencontres régionales et un appel lancé par voie de presse. Nous avons ensuite organisé des sessions de sensibilisation et d'information à travers toutes les wilayas d'Algérie. Nous avons fait un premier round, un second puis un troisième vraiment ciblé en direction des associations qui ont vraiment des difficultés. Au final, 45 dossiers nous sont parvenus. Il faut savoir que ces dossiers de candidature sont très rigoureux. Ils sont costauds. Des 300 associations qui ont assisté aux rencontres, seuls les 45 ont su monter un projet. Quelle est la plus grosse difficulté pour ces associations au moment de soumissionner ? Le manque de savoir-faire. La difficulté de remplir un dossier d'après la procédure parce que nous n'avons pas l'habitude, il faut le dire franchement. Généralement, c'est juste une petite demande qu'on adresse aux autorités pour avoir une subvention, mais là, il est question d'un programme qui obéit à un règlement de l'Union européenne strict et draconien. Il faudrait structurer sa demande parce que pour la finalité, et nous l'avons dit, il n'est pas question de faire juste l'activité. Si c'était juste pour ça, il est très facile de distribuer l'argent à tout le monde. Il ne s'agit pas non plus de faire de l'assistanat. Le projet est de créer une dynamique au sein de l'association et d'en créer autour, c'est-à-dire au cœur de la société civile. Donc, ce n'est pas si facile d'imaginer des projets. Des 47 projets intéressants qui ont été déposés, nous avons examiné de près les capacités des associations pour qu'elles n'échouent pas. On espère aussi qu'elles serviront de leçon aux prochains. Que se passe-t-il pour les associations dont le projet n'a pas été retenu ? Nous n'allons pas nous limiter à ces dix-huit associations. Pendant un an à deux ans, nous allons former le restant des associations. Nous allons avoir ainsi trois paliers. Les associations qui ont réussi le programme ont déjà un savoir- faire. D'ailleurs, hier après-midi, elles ont eu une formation dédiée. Nous allons ensuite toucher les associations qui ont soumissionné mais qui n'ont pas été retenues pour leur montrer quelles sont les carences et y remédier par la suite. Il y a un dernier cercle qui est celui de toucher un maximum de personnes. Nous allons ouvrir la porte à d'autres associations qui n'ont pas du tout soumissionné. Nous allons leur dire de soumissionner, comment le faire et surtout oser le faire. Les associations qui ont été sélectionnées ont des délais de 12 à 18 mois pour la réalisation de leur projet. Que se passe-t-il dans le cas où le calendrier n'est pas respecté ? C'est 18 à 20 mois en fait. Ils sont bons jusqu'à preuve du contraire. Je vous dis ça parce qu'ils ont quand même un dossier intéressant. Un contrat qui verrouille tous les chapitres. Ils n'ont pas le droit à l'échec. Nous allons mettre en place un mécanisme de suivi renforcé. Nous serons à l'écoute. Il y aura aussi un panel d'experts internationaux pour les accompagner. Ils répondront à toutes les questions. Est-ce que ces associations seront exonérées d'impôts ? Oui, absolument. La convention de financement exonère toutes les activités autour du projet. Côté financement, comment cela se déroule-t-il ? Les associations ne percevront-elles pas les subventions en euros ? Bien entendu, le circuit est clair. Le ministère de la Culture reçoit les 24 millions d'euros en dinars. Le budget est transmis à la direction du programme. Bien sûr, avant cela, l'argent transite par la Banque centrale. Mais nous, nous avons l'argent en dinars et la répartition se fait selon un calendrier bien précis. Par contre, l'Algérie devra s'acquitter d'une contribution de deux millions d'euros. Pour les 10% que doit fournir chaque association, peut-on en savoir plus ? Il faut savoir que nous ne faisons pas d'assistanat. L'association doit contribuer au minimum de 10% de l'activité. Celui qui reçoit par exemple un milliard doit déposer un million DA. Ce taux fait partie des critères pour l'attribution des subventions. Les associations se sont engagées et c'est très bien. Entretien réalisé