Il fallait s'y attendre. La ville de Blida sera, aujourd'hui, le centre d'intérêt du pays. Une nouvelle fois pourrait-on dire. Il y a un peu plus de 15 jours, elle avait ouvert ses portes à des milliers de supporters vêtus qui de rouge et de blanc, qui de jaune et de noir, les couleurs respectives des deux clubs finalistes de la Coupe d'Algérie, le CR Belouizdad et le CA Bordj Bou Arréridj. Ce soir, il n'y aura que les couleurs d'une seule équipe, celle de l'Algérie engagée dans un match des plus importants pour elle. Dans le raz de marée qui va inonder le stade Mustapha Tchaker aujourd'hui, les supporters de l'équipe d'Egypte (il y en aura) auront bien du mal à se faire voir et à se faire entendre. 24 heures avant le match, Blida a été prise d'assaut par des supporters venus des quatre coins du pays, des gens qui n'ont pas hésité à parcourir des centaines voire des milliers de kilomètres pour apporter leur soutien aux Verts. Ils n'ont pas hésité, également, à prendre leurs quartiers aux abords du stade pour être sûrs d'être parmi les premiers à accéder à celui-ci lorsqu'on ouvrira ses portes à 16h. Ils ne passent pas inaperçus, ces invétérés supporters des Verts qui ont décidé de s'installer près de l'enceinte du complexe olympique. «Des supporters passent la nuit près du stade, en attendant le jour du match», explique un taxi-clandestin, qui s'étonne de l'arrivée précoce des supporters de l'équipe nationale. Il ajoute : «Ce sera un grand match, les nôtres vont-ils gagner ?» L'ambiance est à la fête car la ville des Roses s'apprête à vivre un grand événement sportif. Mais c'est également un match de football qui génère beaucoup de profits à travers un bizness particulier. Près du cercle sportif de l'USM Blida, à la place Toute, sous les arcades, une table suffit pour exposer la panoplie du parfait supporter : fanions, drapeaux, écharpes, sifflets, bobs, le tout aux couleurs nationales. Sans oublier l'inévitable survêtement et le maillot portant les noms des protégés du sélectionneur Rabah Saâdane. A voir à quelle cadence ces articles sont écoulés, il ne fait pas de doute que le bizness marche, et qu'autour de l'équipe nationale évolue un juteux marché aux mains de petits et grands «Rouletabille» que l'on retrouve autant à Bab Essebt, place Toute ou au marché de Bab Errahba. A la place Toute (et non Ettout-mûrier, où jadis l'administration coloniale rassemblait tous les services municipaux) avec sa rotonde pour «bal-musetteé» et ses terrasses, les fans de l'équipe nationale et les affairistes s'entendent bien : les premiers trouvent ce qu'ils cherchent, les seconds lâchent du lest sur les prix, la période de ce marché étant très courte. Il en est ainsi des billets d'accès au stade, introuvables quelques heures à peine dès le premier jour de la mise en vente au niveau des guichets, selon des supporters. Les billets réservés à la ville de Blida ont été écoulés en deux temps trois mouvements, selon des personnes qui se sont rabattues sur le marché noir pour avoir le précieux ticket d'accès. Au noir, le ticket de 1000 DA est revendu à 1500 DA, et celui de 2000 DA, donnant accès aux tribunes couvertes, à 2500 DA. Au marché de Bab Errahba, près du stade, à la place Toute et d'autres endroits de la ville, les tickets se vendent comme des petits pains. Bref, Algérie-Egypte c'est également une opportunité de choix pour les adeptes du système D de se faire de l'argent, alors que les revendeurs d'articles de sports y trouvent leur compte en améliorant leur chiffre d'affaires. Et pour l'événement, la ville de Blida veut marquer des points en réservant le meilleur des accueils aux supporters des Verts, indépendamment du résultat du match : deux écrans géants seront installés, un près du stade, pour permettre à tous les fans d'assister à la rencontre. Et, à 24 heures de la rencontre, les premiers supporters arrivent par train, par bus, par voiture et... à pied, comme ce marcheur de Bouira, Laadjel Nacer, qui a décidé de rallier la ville fondée en 1530 environ par l'Andalou Sidi Ahmed El Kébir, en quatre étapes (Bouira-Lakhdaria-Alger-Blida). Un pronostic ? «Que le meilleur gagne!», avaient déclaré les deux coaches à leur arrivée vendredi à Alger mais, comme on dit dans l'antique El Belda (nom donné à la ville par son fondateur), «à chacun ses intentions».