Parfois, il suffit de petites choses pour donner de la gaieté, des couleurs, un joli décor à même de redonner le sourire aux plus sarcastiques. Parmi ces petits gestes qui ne coûtent presque rien, la réalisation de fresques murales qui viennent cacher la laideur des murs de différentes cités. C'est ainsi que les murs de la cité EPLF de la ville de Fréha, à 32km à l'est de la capitale du Djurdjura, vont tous être enjolivés de fresques murales réalisées par des jeunes artistes amateurs du quartier. La cité prendra ainsi de plus en plus de couleurs, celle de tableaux et de fresques murales grâce à l'association à caractère social et écologique du quartier qui travaille dans l'aménagement et l'organisation de la cité EPLF. Le projet de peindre les murs des bâtiments du quartier s'est inspiré de l'initiative de l'association " Ness El Khir " à Tizi Ouzou, où des murs et des escaliers de plusieurs quartiers sont devenus des œuvres d'art réalisées par des jeunes volontaires, nous a expliqué le secrétaire général de l'association, M. Missipsa. Moumouh Boussebaa et Walid Ikrouberkane sont les deux principaux artistes amateurs qui contribuent avec leur talent à la réalisation de ces tableaux aussi beaux les uns que les autres. Le projet auquel ils consacrent beaucoup de leur temps, a commencé au mois de décembre dernier. Et les voilà déjà à leur huitième œuvre, sûrement la plus belle et la plus expressive de toutes. Les artistes ont peint un Aza, un signe amazigh géant taché de sang, sans doute pour rappeler que le parcours des Amazighs et des Kabyles n'a pas été sans sacrifice. Ce beau tableau a été accompagné par deux portraits de deux personnalités très célèbres, voire deux personnages qui ont longtemps et toujours contribué à la sauvegarde de l'identité kabyle et défendent ses valeurs. Il s'agit de Mouloud Mammeri et Boulifa. " On essaie de ramener de nouvelles idées, plus culturelles et faire des tableaux de personnalités kabyles et algériennes telle que Boulifa et Mouloud Mammeri ", nous dira Missipsa. Mais pourquoi spécialement ces deux personnalités ? " L'idée est simple. Nous avons réalisé le signe amazigh qui symbolise notre culture et l'une des plus grandes figures reste bien évidement Mammeri. Et pour rester toujours dans l'écriture de la littérature et de la culture berbères, nous l'avons accompagné par le précurseur de la langue amazigh, Boulifa, car il y a bien une certaine similitude dans leurs trajectoires", nous a-t-il expliqué. Les membres de l'association EPLF ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Ils prévoient de peindre tous les murs des bâtiments en réalisant des porterais d'autres figures connues, mais aussi introduire des dictons kabyles et pourquoi pas internationaux pour les faire apprendre par les plus jeunes et les rappeler aux moins jeunes. Ce travail initié et exécuté principalement par des jeunes, se fait dans une grande organisation. " On repartit les tâches avec la gérance et le guide de l'un ou deux de nos amis qui excellent dans le dessin et qui sont des amateurs. Une façon de les promouvoir et de les encourager ", nous a t-on expliqué. Quant aux coûts financiers de l'opération, les habitants cotisent et aident l'association à se donner les moyens nécessaires, à savoir principalement des pinceaux et de la peinture. Des œuvres, des tableaux dignes d'un grand professionnalisme. Néanmoins le procédé des fresques, graffitis et tous les arts de rue, " street art " comme on les appelle, n'ont toujours pas valeur dans notre société, alors que dans les plus grandes villes du monde, des concours et des compétitions sont organisés. Les artistes reçoivent même des prix. Cela n'empêche pas les jeunes de l'association de réaliser des tableaux pour s'exprimer, donner libre cours à leur imagination. Surtout, laisser une trace créative dans leur quartier, le seul de la ville de Fréha à être paré pour l'instant, de peintures urbaines.